Capri, histoire de dire.

grande marina capri

Saint-Tropez de la Baie de Naples, Capri se veut le haut lieu de la jet-set italienne et internationale lors d’escapades estivales. L’air qu’on y respire sent le luxe et l’atmosphère bling-bling rend les objets du quotidien presque opaques. Il y a de l’or sur les parures jusque sur la maroquinerie qu’on achemine en voiturette au village. Quand on ne juge pas le bon goût, on se l’achète ou on reste pauvre. « Hey! On avait parlé d’état d’esprit! On avait dit pas d’amalgame, merde! » Soit, s’il fallait toujours se fier à sa première impression, sachez déjà que l’on se serait rendu sur l’île à la nage. La cité parthénopéenne n’est certes qu’à moins d’une heure, mais j’aime l’air du grand large et les cabines sont étouffantes, sans lumière. Dehors, ce n’est d’ailleurs pas le petit carré de naupathiques bercés par le clapot liquoreux du gazole qu’on allume qui viendront me contredire. C’est con, j’adore faire du bateau. Fallait-il bavarder sur l’euphorie maritime du bateau ivre justement, quand toutes ces personnes mangeraient presque la mer, penchées par-dessus le bastingage? « Dis donc, toi! Tu connais Rimbaud? »

« Halt den Mund! »

Qu’à cela ne tienne, va pour la seconde impression puisque la première était médiocre. Une terrasse de café sur Marina Grande pour se remettre de tant d’émoi. Un petit noir pour nous réveiller, 8€, verre d’eau payant. Fuck. Alors la parisienne, ça t’as manqué? « Hey! Je viens de Lyon comme toi mon cœur, et comme toi j’ai mal. »

Alors, avant d’aller plus loin posons les choses clairement, Capri est chère, elle pue le fric. Capri est noire de monde, à plus forte raison l’été où les touristes y débarquent en nombre et j’en ai fait partie (fin juillet). Oui, mais Capri est magnifique, et peut-être davantage encore.

Criques et panorama à couper le souffle, le vertige du minéral avec ces pics rocheux qui plongent dans les eaux d’une couleur rare, elle est encore sauvage à bien des égards cette petite île. Par contre, il faut aimer voir de vieilles fripées aux relents de naphtaline et de N°5 de chez Chanel, la peau brûlée par le soleil et explosée par des injections de Botox dont on n’a pas maitrisé la quantité. C’est dur à entendre, bien plus à voir, mais elles aussi font partie du paysage.

Mais pour l’heure le funiculaire où quelques personnes suintent déjà de crème solaire nous monte à Capri juste sur la Piazzetta, bondée, et sans autre intérêt que celui de deviner la marque du soulier qu’on écrase. Du Louboutin, Gucci ou Prada, du Quechua, et si ça craque c’est de l’orteil sur de l’Ipanema. Une rareté. Le temps de quelques photos sur la Baie c’est la direction de la balade de l’Arco que nous empruntons.

Via Fuorlovado j’entends « Tu l’as acheté combien ta Rolex? » Arf non, que je fais, c’est une Fitbit y’a pas de quoi s’emballer d’autant qu’elle date un peu, comme j’dis toujours le nombre de pas c’est un bon indicateur pour… me prendre un violent coup de ma jet-setteuse en plein dans les côtes. L’autre gars me toise sous sa paire de Ray-Ban mauvais marché. « 12 ou 15.000€. » Foutredieu ma gueule, ça en fait de la maille pour de la ponctualité, avec ça je fais le tour du monde des clichés, de la Terre en marche arrière, et de Capri en Riva les yeux fermés. Merde, c’est l’Italie ou pas? Miss Séguéla pouffe de rire pendant qu’ils accélèrent le pas. Quand on arrive à hauteur du resto Le Gretelle, les cigales chantent à m’en percer les tympans, nous savons qu’à partir d’ici l’île a beau étouffer, nous serons seuls. Et nous l’avons été, à quelques exceptions près.

capri

35° sous la végétation, on se dit d’ores et déjà qu’on n’aura probablement pas la force une fois le tour accompli de repartir en direction de la Villa Jovis. Il est tôt, mais la chaleur est écrasante. En revanche, la balade vaut largement les efforts qu’elle demande. L’Arco naturale d’abord, l’étrangeté de la grotte Matermania ensuite, puis plus loin, en contrebas, la Villa Malaparte dont tout le monde parle et le belvédère Tragara. Cette excursion est tout simplement splendide, les paysages à tomber.

Quand on retrouve les ruelles étroites de Capri on ne regarde même plus les devantures des magasins de sac à main. Nous cheminons vers le terminal de bus pour nous rendre à Anacapri, réputée plus authentique, moins prise d’assaut. La montée est un manège à sensation qui n’a rien à envier à ces grands huit de parcs d’attractions. Une moitié de bus sur des roues montées sur ressorts, cahotant dans les épingles puis faisant mine de s’élancer contre les garde-corps, offre un spectacle qu’il ne faut pas rater. S’il y a du monde, vous serez probablement debout, et effrayé si comme moi vous avez peur du vide. Tant mieux.

Une fois en haut que dire si ce n’est que la bourgade est charmante et jolie. Les maisons sont blanches, tout paraît tranquille, mais c’est à peu près tout puisqu’on en fait assez vite le tour. Le sol pavé de majolique de l’église San Michele est cependant très surprenant. Pour admirer l’œuvre dans son ensemble, existe un petit escalier qui s’élève en colimaçon depuis l’entrée de l’église. C’est le meilleur endroit pour admirer le Paradis. Il y a aussi le téléphérique qui vous emmène vers le point culminant de l’île, le Monte Solaro, mais les cafés de Marina Grande ont laissé deux trous béants dans nos poches, en plus d’une démotivation à ce moment absolument pas assumée. Aujourd’hui encore.

Pour redescendre vers Marina Grande, il faut emprunter les Escaliers phéniciens (depuis la villa San Michele). Vertigineux! Il y a d’autres moyens de quitter Anacapri bien sûr, mais ils n’ont pas ce petit quelque chose. 800 marches. 800 raisons de s’interroger sur ce touriste polo/mocassins/valise-roulette qui l’empruntait comme les anciens du XIXème. On a en croisé des qui montaient… pas de valise, des baskets, de l’eau, une casquette. Lui n’avait que cette obsession. Il avait le temps de rebrousser chemin, et nous lui avons posé la question. « T’es sûr? » Il l’était. « Pélo, t’es pas équipé. » Il s’en foutait. « Tiens, prends de l’eau au moins, j’te file ma bouteille. » Il nous a remerciés en nous disant que ça irait, et est reparti comme une flèche. Je suis sûr qu’il y est encore le mec.

Retour à Naples, tant pis pour la grotte bleue.

L’île n’est pas très grande, mais tout faire nécessite bien deux jours. Dans ce cas-là, il va bien falloir y dormir. Or, pour vous loger sur place à des prix raisonnables, vous n’aurez probablement d’autre choix que de vous rendre à Anacapri. Si après tout vous voulez vous faire plaisir, évidemment le reste de l’île vous tend les bras, pourvu que vous vous y preniez suffisamment tôt. On affiche souvent complet à Capri.

Si vous ne restez pas longtemps (aller-retour dans la journée) et que vous êtes à l’économie, prévoyez peut-être votre eau et vos sandwichs pour la journée.

capri

capri

Baie de Naples

marina grande

Voilà, c’est quand même à tomber.

Alors… Capri, histoire de dire… que j’y retourne?

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2 Commentaires

  1. MAYNARD

    19 septembre 2018 at 16 h 42 min

    Belles photos ,belle île même si le bling bling est écrasant de puanteur….. les 300 variétés de fleurs renforcent accentuent son charme.

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    • JP

      20 septembre 2018 at 10 h 29 min

      Bien vu! Comme le lézard bleu des Faraglioni 😉

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