Nous effectuons un circuit d’une dizaine de jours en Jordanie et celui-ci nous conduit à la mer Morte. C’est bien sûr le passage obligé, l’incontournable par excellence. Si tout le monde va voir la fabuleuse Pétra, tous les visiteurs veulent également tester cette eau très spéciale. Cette mer est très connue pour la forte salinité de son eau qui avoisine les 27 % ; celle des autres mers se situe entre 2 et 4 %, en moyenne. Elle est donc entre 7 à 10 fois plus salée que les autres mers et océans du globe, et la densité de son eau est très élevée. Voilà, ce qui permet de flotter sur l‘eau, à défaut d’y marcher. Quant à son nom, elle le doit au fait que dans cet environnement, aucun animal et aucune plante ne peuvent y vivre. Maintenant, vous en savez autant que nous sur le sujet.
Notre hâte est donc grande de tester par nous-mêmes ce phénomène si renommé.
Une expérience unique.
C’est très pratique, nous accédons à la plage directement par l’hôtel. Il est conseillé de mettre des sandales sur ce sol qui est un mélange de cailloux et cristaux de sel, pas très agréable pieds nus. Puis, nous entrons dans l’eau. Jusque-là tout est normal. Elle est huileuse et enveloppe tout le corps. Agréable ou pas, c’est selon les goûts de chacun. Cela ne nous dérange pas particulièrement, mais c’est, quand même, une sensation un peu bizarre. Et là, ça se corse. Nos pieds ne tiennent pas sur le sol, ils se dérobent. Oups ! Il faut s’allonger sur le dos et bouger les bras pour se déplacer. Nous flottons sans effort, légers comme une plume. C’est complètement déroutant, mais c’est fun. On pourrait presque prendre un livre et lire sans aucun problème, comme dans un transat.
On teste.
Il est impossible de faire la brasse, puisque les fesses remontent et l’on se retourne. Du coup, nous réessayons et rebelote. En clair, votre illustre postérieur (le cul, selon certains qui ne souffrent pas la censure) fait le bouchon et tout le monde s’amuse comme des gamins dans une cour d’école. Nous restons une dizaine de minutes maximum, pas plus. Le sel attaque la peau et cela démange légèrement.
On nous le dit et les panneaux le rappellent. Il vaut mieux éviter d’avoir de l’eau dans les yeux et surtout pas question de plonger, sinon vous passez un sale quart d’heure. Quant à la boire, eh bien, ce n’est pas très bon. C’est extrêmement salé vous vous en doutez bien, mais également très amer. Vous voilà prévenus ! On n’aurait pas dû, mais on y a goûté, tout à fait par inadvertance.
Un camouflage spécial.
L’expérience ne s’arrête pas là. Il reste le rituel de la boue et nous n’y échappons pas. Elle est à disposition dans des pots métalliques en bordure de plage et nous nous laissons tenter. La recette est très simple à appliquer. On se badigeonne le corps, le visage et même les cheveux (sans obligation). C’est un peu crado poulo, mais sans danger. Puis, il faut laisser sécher 8 à 10 minutes environ. On est à point lorsque l’on ressent des petits tiraillements sur la peau. Pour enlever cette croûte, il suffit de se rincer à l’eau claire. A nous la belle peau de bébé, toute douce. C’est génial. On profite de cette eau presque miraculeuse, riche en sels minéraux.
Une eau et un soleil bienfaisants.
Bon nombre de curistes viennent ici pour profiter des vertus de cette eau, notamment pour soigner le psoriasis. Il est très difficile de se débarrasser de cette maladie de peau, mais à défaut de guérir, les cures ont des effets bénéfiques et le soleil joue aussi un rôle important. En effet, la mer morte est située à 420 m en dessous du niveau de la mer et ce phénomène favorise un système d’évaporation qui se manifeste par une sorte de nuage de vapeur d’eau chargé de sels et invisible à l’œil nu. Ce nuage va filtrer les rayons du soleil et va donc jouer son rôle thérapeutique. C’est une vraie cure de jouvence que nous faisons là, mais avec modération et une crème solaire adaptée bien entendu. Ce sera donc baignade (mer et piscine), boue et un peu de soleil au programme.
Et vous savez quoi ? on trouve toute la panoplie des crèmes, savons, shampoings et on en passe pour conserver une jolie peau régénérée. De quoi prolonger encore un peu les bénéfices de nos bains aux effets magiques. Pourquoi se priver, à nos âges, c’est inespéré !
Toutefois, il y a le revers de la médaille et tout le monde est inquiet.
La mer Morte se meurt.
Elle n’a jamais aussi bien porté son nom. Elle est en pleine agonie et autour d’elle la terre s’effondre. Notre guide Amjad, enfant du pays, nous en explique les raisons. Plus que le dérèglement climatique, c’est l’agriculture et l’industrie qui l’amènent à sa perte. La source du problème ? 96% de l’eau du Jourdain, fleuve qui se jette dans la mer Morte, sont pompés pour servir l’industrie, mais aussi l’agriculture. Une agriculture dé-raisonnée et anarchique. C’est la guerre de l’eau. Si rien n’est fait, et si aucun accord n’est trouvé entre Israël, la Jordanie et la Syrie, les trésors de la mer Morte pourraient bien disparaître d’ici un siècle.
L’hôtel dans lequel nous sommes en témoigne. Il était, il y a une vingtaine d’années presque les pieds dans l’eau. Lorsque nous descendons sur la plage, nous remarquons le long de l’allée cimentée plusieurs panneaux ; ils indiquent qu’ici, en 2000, puis en 2010, l’eau était à ce niveau. Aujourd’hui, elle est à 30 mètres des bâtiments et recule inexorablement, à raison d’un mètre chaque année ; c’est considérable et c’est alarmant.
Bien plus. Après le recul de l’eau, les blocs de sodium fondent et le sol devient meuble ; apparaissent alors d’énormes trous. Les bords de la mer Morte se transforment en fondrières très dangereuses et des sites touristiques sont maintenant abandonnés. Quelle tristesse !
Ne terminons pas sur une note déprimante. Nous vous offrons un magnifique coucher de soleil sur la Palestine. Il suffirait presque d’étendre le bras, pour toucher l’autre rive. Ici, nous sommes à environ 25 km de Jérusalem. La nuit tombée, nous apercevons les lumières qui dansent sur les remparts de la ville.
Nous quittons la mer Morte, mais nous gardons en souvenir cette mémorable expérience du bouchon, difficile à raconter. Il faut la vivre avant qu’il ne soit trop tard. C’est une expérience fabuleuse inoubliable.
Jo
13 mars 2018 at 13 h 11 min
Sylvie et Bernard ! vous ne poussez pas le bouchon un peu loin ? Vous sortez « crado poulo » de la Mer Morte ou de … la Mer Noire !
Merci pour le partage de tous ces merveilleux voyages.
Sylvie et Bernard - Viens, on s'arrache!
13 mars 2018 at 17 h 34 min
Et nous qui pensions être beaux !