Ce village d’exception du Lot, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, offre un spectacle unique avec une superposition vertigineuse de maisons et d’églises à flanc de falaise. Le tout est couronné par un château, au-dessus du canyon de l’Alzou. Située sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, cette cité médiévale unique en son genre nous ramène au Moyen-Age où le temps semble s’être arrêté.
Comment découvrir la cité ?
Les parkings.
Pour se garer, il y a plusieurs parkings aménagés. Tous sont payants en saison haute et cela chiffre vite si vous êtes comme nous, en camping-car et que vous passez la nuit sur place. Mi-octobre, nous avons la chance de bénéficier de la gratuité pour le parking P4 La Garoustié et c’est appréciable. Son avantage, un chemin piétonnier très agréable au bord de la vallée de l’Alzou offrant plusieurs points de vue imprenables sur la ville.
Les ascenseurs.
Pour descendre visiter, on peut emprunter deux ascenseurs. Chaque tronçon se monnaie en aller simple ou en aller/retour à un tarif, assez prohibitif à notre avis, mais cela peut rendre service. Le premier niveau au départ place du château, vous amène près du sanctuaire, le second s’arrête au niveau de la rue de la Couronnerie. C’est l’unique rue de Rocamadour, très animée avec ses boutiques et ses restaurants. La seconde option, c’est pedibus et c’est ce que nous faisons en longeant la corniche pour profiter de la vue, puis nous descendons le chemin de croix.
Le château.
On passe juste à côté. Il surplombe l’énorme rocher de la falaise et avait, à l’époque médiévale, vocation à protéger le sanctuaire. Son principal atout reste le panorama que l’on a sur la ville et la vallée de l’Alzou. Il suffit de parcourir une portion de ses remparts pour quelques euros. C’est la seule partie que l’on peut visiter, puisque le reste est privé, mais c’est vertigineux.
Suivons maintenant les traces des pèlerins qui venaient de toute l’Europe prier la Vierge noire et les reliques de Saint-Amadour.
Un haut lieu de pèlerinage.
Le chemin de croix.
En partant du château et en le descendant, nous le prenons à l’envers ; avouons-le, c’est plus facile à descendre qu’à monter. Ce chemin maçonné à flanc de falaise s’étire en lacets jusqu’au sanctuaire, au milieu de différentes essences d’arbres apportant une ombre et une fraîcheur bienfaitrices pendant les chaudes journées d’été. On compte quatorze stations sur le parcours allant de la condamnation du Christ jusqu’à sa mort. Chacune laisse voir une sculpture en bas relief à l’intérieur. On trouve également des grottes ou des excavations aménagées sur ce parcours pentu, néanmoins très agréable à parcourir en prenant son temps.
La cité religieuse ou le Sanctuaire.
Pas moins de 8 églises et chapelles accrochées à la roche sont érigées à Rocamadour. Elles forment un ensemble imposant, concentré sur la place du Sanctuaire, haut lieu religieux. Nous en visiterons quelques-unes, mais malheureusement pas la crypte de Saint Amadour, pourtant réputée, pour cause d’office religieux.
La chapelle Notre-Dame de Rocamadour.
Elle abrite notamment la statue de la Vierge miraculeuse ou Vierge noire, petite statuette en bois à l’impressionnante aura. C’est le cœur vibrant du sanctuaire, le Saint des Saints. Cette Vierge très connue que l’on vient voir éclipse la petite cloche suspendue à la voûte. Celle-ci est très vieille et on ne connait pas son origine. Elle se fait discrète la cocotte et pour la voir, il faut lever le nez ; le miracle, c’est elle. Mais quel est donc son mystère ? On raconte qu’à chaque fois qu’un marin en péril implore la Vierge Marie et lui doit son salut, la cloche sonne toute seule, sans cordage, ni intervention. 120 miracles ont été attestés à travers les siècles et le dernier remonte au 31 décembre 1612. Depuis cette date, la cloche n’a plus sonné et ne s’est pas manifestée non plus en notre présence. Il n’y a donc pas eu de miracle ce jour-là.
Et si vous ne l’avez pas vue en entrant dans la chapelle, vous pouvez vous rattraper en sortant. Encore une fois, levez le nez. L’épée Durandal de Roland, vieille et toute rouillée est au-dessus de la porte, figée dans la roche. Roland vous connaissez ? Mais oui, souvenez-vous Roncevaux !
La légende de l’épée Durandal.
« Quand Roland passe les Pyrénées pour aller lutter contre les Sarrasins en Navarre, il commande l’arrière-garde. Malheureusement, Ganelon (le félon) le trahit et il se fait attaquer avec ses compagnons d’armes, au col de Roncevaux. Roland et ses hommes résistent vaillamment jusqu’au dernier. Blessé à mort, il sonne, mais un peu tard dans son olifant, appelant Charlemagne à son secours.
Pour que son épée Durandal ne tombe pas aux mains de l’ennemi, il la frappe contre un rocher en espérant la détruire. Pas de chance, c’est le rocher qui se brise. Roland prie alors l’archange Saint-Michel de l’aider à la soustraire aux infidèles. Mourant, il la lance vers la vallée, dans un dernier sursaut d’énergie. Durandal file dans les airs sur plusieurs centaines de kilomètres, et se plante dans le rocher du sanctuaire de Rocamadour. »
C’est pourquoi on la voit encore aujourd’hui, là où personne ne peut venir (à priori) la retirer.
Dernière info : On a volé Durandal !
La cité est sous le choc. Dans la nuit du 21 au 22 juin 2024, l’épée figée dans la roche à plus de 10 mètres du sol a été volée. Personne n’a rien vu, ni rien entendu. La gendarmerie du Lot diligente des investigations, mais pour l’heure, si aucune piste n’est écartée, Durandal reste introuvable.
À défaut de le monter à genoux comme les pèlerins d’antan, nous descendons l’escalier monumental comptant 216 marches pour arriver au niveau de la vieille ville médiévale. Attention, c’est parfois un peu raide. On ne peut pas se tromper. Il n’y a plus que la rue principale à traverser en passant la porte fortifiée et nous remontons la Voie sainte, assez pentue, pour une dernière visite à l’Hospitalet. On prend son temps, il n’y a rien à gagner en haut, sauf la vue sur la vallée et elle ne risque pas de se sauver.
L’Hospitalet.
C’est ici que commence le chemin du pèlerin et c’est sa dernière halte après s’y être reposé et soigné, d’où le nom d’Hospitalet. Il peut ainsi préparer son corps et son esprit pour entamer son parcours et descendre vers le sanctuaire. De ce petit hôpital, il ne reste plus que quelques vestiges aujourd’hui.
Comme vous pouvez le constater, nous avons tout fait à l’envers, mais au fond, est-ce si important ? A vous de choisir le parcours qui vous convient le mieux pour découvrir Rocamadour, la cité de la Foi, dans un sens ou dans l’autre. En partant, jetons un dernier regard sur ce pittoresque village. Si vous avez encore un peu de temps dans la région et qu’une aventure souterraine vous tente, le Gouffre de Padirac réserve des surprises géologiques ; c’est tout près, à peine une vingtaine de kilomètres.