Munnar et les mosaïques des plantations de thé, à perte de vue.

Munnar Inde

Après une pause au fil de l’eau dans les Backwaters, nous reprenons nos Bullet en direction des plantations de thé. Nous prenons de l’altitude, toute proportion gardée bien sûr, puisque le plus haut sommet l’Anamundi (la montagne éléphant) culmine seulement à 2695 m. Forcément dans le Kerala, nous sommes loin des montagnes vertigineuses de l’Himalaya et de ses pistes défoncées. Les paysages changent du tout au tout en montant sur Munnar. Les plaines et les rizières s’effacent au profit des routes sinueuses et montagneuses des Ghats occidentaux (chaîne de montagnes qui séparent le plateau du Deccan de la mer d’Arabie) sur un tracé magnifique. Les motos filent au travers de la jungle, des plantations de café, de cardamome et même d’hévéas. L’air embaume les épices et nous chatouille les narines, la température se rafraîchît et cela fait du bien après la canicule de la vallée.

Les plantations de thé.

Munnar IndeElles bordent les deux côtés de la route dans une déclinaison infinie de vert agréable à l’œil. Ici, il n’y a pas de précipitation, pas de bruit. Nous sommes au calme et sillonnons les routes loin de la frénésie fatigante des villes et de la pollution. L’atmosphère est paisible et nous profitons au maximum de la balade en montant tranquillement vers un point de vue appelé « 8th mile », à une altitude de 1900 m. Les champs de thé s’étalent partout sur les flancs des montagnes où les bosquets bosselés séparés par un chemin étroit forment une mosaïque très originale. Il paraît que les éléphants s’y promènent parfois, mais nous n’en voyons pas.

Les cueilleuses.Munnar Inde

Nous en croisons de nombreuses en bordure de route portant leurs sacs sur le dos ou en train de récolter le thé sur les coteaux. Celles que nous voyons font ce que l’on appelle de la cueillette mécanique en utilisant une cisaille, sorte de grande paire de ciseaux . Une poche récupère les feuilles de thé coupées. Celles-ci sont mises dans un sac posé à côté d’elles ou porté dans le dos, bien souvent, noué derrière la tête. Les ramasseuses sont nombreuses et apportent des touches colorées parmi ce vert omniprésent. Notre arrivée les divertit pendant leur travail et certaines nous adressent des sourires chaleureux et des saluts amicaux. Les femmes des villages passent de nombreuses heures par jour à effectuer ce travail éreintant sur des terrains pentus. Les hommes sont essentiellement occupés à récupérer les sacs pleins, à les charger et à les transporter à l’usine la plus proche.

Visite d’une fabrique.

Le processus.

C’est l’occasion de voir les étapes successives du traitement des feuilles arrivées fraîches jusqu’à la fin des opérations. Ce n’est pas une usine moderne, loin de là. Tout semble archaïque et poussiéreux, mais ça fonctionne et c’est bien l’essentiel. On sèche les feuilles, on les roule, puis on les laisse plus ou moins s’oxyder et on sèche à nouveau. On réduit en poudre ou pas et surtout, on ne mélange pas tout en même temps. Les thés sont différents selon les feuilles récoltées. Chaque sorte est traitée et conditionnée de manière spécifique.

Les sortes de thé.

Le haut de chaque tige du théier se partage en trois parties pour obtenir des thés différents :

  • Le thé blanc: le bourgeon + une feuille. Ce sont les plus jeunes pousses, les plus petites. Ce sont elles qui concentrent le plus de goût et sont toujours cueillies à la main. C’est le thé le plus délicat, mais aussi le plus cher.
  • Le thé vert: le bourgeon + 2 feuilles. Ce sont les feuilles un peu plus grosses, celles du deuxième niveau. C’est le thé le plus désaltérant, le plus frais. On le dit possédant des vertus et excellent pour la santé.
  • Le thé noir: le bourgeon + 3,4 ou 5 feuilles. Toutes les feuilles sont mélangées et certaines peuvent être réduites en poudre. C’est le fameux chai que l’on déguste partout en Inde et que l’on apprécie lors de nos pauses moto.  Le thé noir aux épices (cardamome, gingembre, clou de girofle et cannelle) ; celui-là on l’adore, c’est une tuerie.

Envie d’un chai ?

Verres de thé

Cela tombe bien puisque nous pouvons en goûter sur place et même en acheter. Il y en a de toutes les sortes et à tous les prix. Comme nous ne connaissons pas le thé blanc, la Rolls-Rolls des thés, nous en achetons une petite boite. Il paraît que c’est un vrai élixir de jeunesse, forcément, c’est vendeur. Imaginez un peu. Il limite le vieillissement de la peau, réduit le cholestérol, prévient les cancers, permet de perdre du poids. Bref tout ce qu’il nous faut à nos âges. Allez, vous êtes forts en maths ? Nous payons en gros 350 roupies pour 25 gr (uniquement les bourgeons, pas un mélange, en terme de poids, ce n’est pas grand chose). Quel est le prix d’un kilo de thé blanc ?  Vous n’avez pas de convertisseur, alors on vous donne la réponse, c’est un peu plus de 150 € le kilo, une somme rondelette ici en Inde. On va se faire plaisir de retour à la maison, de quoi prolonger encore un peu notre virée à Munnar avec ses « beaux thés » (il fallait qu’on la fasse celle-là).

Munnar Inde

Le jour baisse et la brume descend sur la vallée. Il est temps de poursuivre notre route et de quitter les collines verdoyantes de l’état du Kerala. Nous continuons sur une piste forestière vers la réserve naturelle d’Eravikulam dans un environnement complètement différent. Peut-être aurons-nous de la chance demain et y verrons-nous des léopards ou même des écureuils géants ? Qui sait ?

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