Le mythique Etna fait partie des incontournables lors d’un voyage sur l’Ile aux trois mers : la Sicile. Ce géant de 3357m n’est pas seulement le plus haut volcan d’Europe, c’est aussi l’un des plus actif au monde. Depuis quelques temps, il n’arrête pas de faire parler de lui. Incroyable ! A force de cracher, il n’en finit pas de grandir puisqu’il a pris 31 m en six mois, depuis le début de l’année 2021. Depuis notre passage, il a peut-être encore pris de la hauteur, qui sait. Pour en apprécier sa majesté, nous modifions notre programme et décidons d’en faire d’abord le tour à moto avant d’effectuer une excursion sur ses flancs, le lendemain.
Le côté Nord.
Nous l’apercevons de loin le coco. Il est bien là, un peu noyé dans la brume et nous avons hâte de l’approcher. Mais patience. Aujourd’hui, c’est juste pour se mettre dans l’ambiance pour l’apprivoiser petit à petit. Profitons d’abord de tout ce qui l’entoure avant de fouler ses pentes et découvrir ses multiples curiosités. Nous partons coté Nord et nous tournons pour arriver, comme de bien entendu, côté Sud. On vous prévient quand même ; le côté moins fun de la balade, ce sont les sacs poubelles et les dépôts d’ordures qui bordent la route. On retrouve ce phénomène un peu partout en Sicile et ça gâche, tout de suite, le paysage. On a même vu un automobiliste, juste devant nous, balancer son sac poubelle par la vitre de sa portière. Pas cool !
L’or vert des pistachiers de Bronte.
Les pistachiers bordent les deux côtés de la route et donnent au paysage un aspect particulier. Ces arbres biscornus ne sont pas très grands et s’étalent un peu en vrac à flanc de coteau. La pistacchio verde (pistache verte) ne pousse que dans cette région où le terrain volcanique lui confère ses caractéristiques uniques. On l’utilise dans les plats salés, sucrés et pour faire des savonnettes (ça sent super bon). La glace à la pistache, crémeuse et raffinée et les gâteaux au cœur de pistache, enrobés d’éclats séduisent les gourmands. Nous ne goûtons pas seulement, nous abusons quelque peu. Un vrai délice ! Normal, puisqu’elles sont réputées pour être les meilleures au monde, même si chacun prêche pour sa paroisse.
Les plantations.
Les pentes du volcan sont très fertiles et différentes espèces fleurissent sur ses flancs. Nous apercevons des noisetiers, châtaigniers, oliviers et de nombreuses vignes le long de la route. Soit dit en passant, il faut goûter le vin typé de cette région. La lave lui donne une saveur très spécifique que Sylvie n’aime pas. Selon Bernard, il faut passer au-delà de cette sensation légère d’âpreté pour apprécier pleinement tous les arômes de ce nectar. En tout cas, il y a de très bons vins en Sicile et forcément, nous en dégustons plusieurs au cours de notre périple. Avec modération, comme il se doit.
Entre coulées de lave et forêt.
Le dernier épisode volcanique côté Nord remonte à 2002. Les anciennes coulées de lave sont bien là et déforment encore le paysage. Les incendies laissent aussi la désolation derrière eux, en témoignent de nombreux arbres roussis le long de la route. Néanmoins, par endroits, la végétation reprend ses droits et se reconstruit avec des touches de vert tendre agréables à l’œil.
C’est une balade à moto géniale. En prenant de l’altitude, nous traversons la forêt et arrivons à environ 1800 m dans un décor de verdure exceptionnel avec une route en parfait état. Nous sommes aux anges et ne croisons personne, hormis une vache qui ne nous prête, d’ailleurs, aucune attention. Nous avons la route pour nous tous seuls. C’est royal.
Attention, poussière noire !
C’est une surprise pour nous. A chaque fois que le volcan crache sa colère, les pluies de cendre et de sable noir s’abattent à des kilomètres à la ronde. Les habitants du coin sont habitués à ces phénomènes récurrents, mais pas nous. La première fois cela surprend, et par la force des choses, on s’y fait. Il n’y a pas le choix, elle est omniprésente et recouvre à de nombreux endroits la route et ses abords. Ces plaques de cendre fine, un peu sableuses ne sont pas très stables et la première fois, Sylvie sent l’arrière de la moto chasser. Aïe, avec notre titine bien chargée, ce n’est pas le moment de s’étaler. Puis, Bernard prend vite le coup. La chute n’est finalement pas au programme et c’est tant mieux.
Remontée sur le côté Sud.
C’est de ce côté que les coulées de lave sont les plus fréquentes et laissent des traces de leurs passages. Les paysages sont complètement noirs et plus on monte, plus le phénomène s’étend. Noir, c’est noir, on broie du noir et ce n’est rien de le dire. La route grimpe en lacets et on aperçoit même une maison quasiment engloutie, il n’y a plus qu’un bout du toit d’apparent. Tout a été avalé sur la trajectoire de la coulée, il ne reste rien ou presque ; c’est la désolation la plus complète. On a l’impression d’être sur une autre planète. Ce paysage lunaire avec quelques herbes jaunies et rabougries est complètement déboussolant et perturbant. On ne s’attendait vraiment pas à ça. Rien à voir avec le Vésuve. Nous sommes dans un autre monde.
Nicolosi.
Les cabines rouges du téléphérique Funivia delle Etna offre un ballet muet sur les pentes de l’Etna. Et demain, ce sera notre tour d’y monter et de fouler, tout là-haut, les pentes du volcan. Mais nous n’en sommes pas encore là puisque nous n’avons encore rien réservé. Il faut dire que nous arrivons ici à l’arrache, mais cela va le faire. Plusieurs agences proposent des excursions et les prix sont quasiment équivalents. Pour autant, on se voit mal, crapahuter en tenue de motards. Nous trouvons notre bonheur à la Maison des Guides où l’on nous prête le matériel. Impeccable, c’est tout ce dont nous avons besoin.
Rendez-vous demain matin pour une excursion de 5/6 heures. En attendant, on ne résiste pas à toucher cette cendre qui crisse sous nos pieds et dans laquelle, on s’enfonce un peu. Qu’allons-nous découvrir ? On revient vers vous très vite pour vous raconter la suite. Promis !
Crédit photo : 1 – Futura Sciences