Direction Les Baux de Provence pour assister à un spectacle numérique immersif, comme on dit aujourd’hui, dans les Carrières de Lumières. Elles sont bien connues et proposent chaque année un programme portant sur un grand nom de l’Histoire de l’Art. Les œuvres sont projetées sur d’immenses parois de calcaire de 15 m de haut, transformées en toiles gigantesques pour un show éblouissant qui scotche les rétines et reste gravé dans les mémoires. Le principe est très simple. On se promène librement dans ces carrières souterraines et on déambule au gré de son envie au sein d’un kaléidoscope géant. Nous sommes à chaque fois transportés dans un monde magique où les œuvres sublimées sont à la portée de tous. Le tout enveloppé d’une musique adaptée. Au programme de nos deux dernières visites, Picasso et Van Gogh, mais pas que, puisqu’il y a un préambule avant chaque artiste présenté.
ça déménage !
En avant-première de Picasso, c’est un démarrage enflammé dans une ambiance rock & roll et psychédélique sur le thème Flower Power. C’est parti sur les chapeaux de roue et ça envoie du lourd. Nous sommes embarqués dans une atmosphère pop art qui nous aspire dans une spirale de couleurs sur les chansons des Beatles, Donavan, les Beach Boy, Simon & Garfunkel et même les Who. Que du bonheur ! On se surprend à fredonner et à bouger en rythme sur ces musiques que nous adorons. Ce maelstrom nous entraîne joyeusement dans un univers fantastique haut en couleurs. C’est tout simplement décoiffant et génial. Puis, le décor change et nous entrons dans le monde de Picasso d’un tout autre style.
Pablo Picasso.
Tout le monde le connait, ne serait-ce que par son célèbre tableau Guernica. Nous l’avons admiré au musée de la Reine Sofia à Madrid, mais il prend ici une dimension extraordinaire en sons et lumières. Le noir et blanc et la musique parfaitement choisie subliment cette peinture très particulière. C’est un moment fort de ce spectacle où nous sommes transportés en un rien de temps dans le chaos, en pleine guerre espagnole. La musique prenante nous enveloppe et nous sentons le sol vibrer sous nos pieds.
Un univers artistique à part.
Au fur et à mesure, les projections de peintures nous amènent dans le monde imaginaire du grand peintre où les lois artistiques traditionnelles sont abolies. Il faut lâcher prise pour se laisser porter par ces œuvres, parfois déconcertantes et déroutantes aux multiples facettes. Toutes les périodes de l’artiste sont passées en revue, de la plus sombre à la plus colorée. Au départ, ce n’est pas facile et l’on est un peu perturbés. Certes, nous ne dirons pas que toutes ces peintures nous plaisent ou nous touchent. Pourtant, nous nous laissons doucement apprivoiser par ces toiles qui se mélangent et créent des fresques fascinantes. Ce peintre n’aurait sans doute pas rêvé meilleur lieu d’exposition pour la mise en exergue de son immense talent.
Dans un tout autre genre : Van Gogh.
Pour cette exposition immersive, nous entrons dans un autre monde, celui du Grand Vincent. Elle retrace son évolution artistique, au fil du temps, marquée par ses voyages. Si Van Gogh s’est inspiré du Japon dans certaines de ses œuvres, l’introduction nous transporte pour un voyage dans l’art japonais parmi les geishas. Puis, notre promenade contemplative parmi la douceur des cerisiers en fleurs et des femmes en kimono laissent ensuite la place à la danse guerrière des samouraïs. Voilà une partie méconnue de sa peinture que nous découvrons ici.
Le monde de Vincent.
Nous avons eu l’occasion de visiter le fabuleux musée Van Gogh à Amsterdam. Bien sûr, nous attendons de voir ce que les peintures sur toile que nous avons vues là-bas vont rendre sur ces gigantesques blocs de calcaire. Eh bien, cela va au-delà de nos espérances. Nous plongeons avec bonheur dans sa nuit étoilée pour mieux nous y perdre, nous nous promenons dans ses jardins d’iris bleus, puis nous cueillons des brassées de tournesols. Nous oscillons en permanence entre l’ombre et la lumière, au gré de l’humeur du peintre et des œuvres présentées. Les différents portraits du grand Vincent nous fixent d’un air absent et pourtant il est là parmi nous. Il s’impose et prend toute la place dans ces carrières qui nous révèlent tout son génie artistique en grand format.
Le spectacle terminé.
A la fin, les carrières reprennent leur aspect naturel et perdent temporairement leurs habits de lumière avant de recommencer. A chaque fois, nous sommes tellement emballés que nous assistons à une deuxième projection uniquement pour le plaisir de succomber à nouveau au charme de ces œuvres et de ne rien rater. Lors de notre première venue, un monsieur nous dit « Vous allez voir, c’est prodigieux et vous ne serez pas déçus ». Que ce soit Picasso, Van Gogh ou d’autres grands noms marquant l’Art, c’est à consommer sans modération. Avec 14°, pensez à prendre une petite laine, il ne fait pas très chaud dans les carrières !