Pour changer un peu du domaine nordique de La Féclaz, nous profitons de celui de Bessans. C’est ici que nous avons la chance d’assister au départ de la Grande Odyssée, pour la dernière étape de cette 14e édition de La Grande Odyssée. Cette course internationale de chiens de traîneaux se déroule au mois de janvier, en Savoie et Haute-Savoie. Elle fait le bonheur des visiteurs venus encourager les compétiteurs et leurs chiens le long du parcours ou lors des étapes dans les communes savoyardes partenaires. Pour cette année, elle se court sur 11 jours et 10 étapes, avec 14 des meilleurs mushers au monde, sur une distance totale de 612 km. 6 pays sont représentés : l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie, la République Tchèque et la Slovaquie. La distance du jour est de 42 km.
Les chiens de traîneaux.
Des athlètes canins.
Deux races de chiens s’affrontent sur cette compétition : le husky sibérien et l’alaskan husky. Ils sont triés sur le volet et seuls les meilleurs participent à la course. Ce sont de véritables athlètes entraînés pour améliorer leurs qualité d’endurance et de résistance. Ces sportifs de haut niveau à quatre pattes sont surveillés comme le lait sur le feu et les équipes de vétérinaires disposent d’un véritable hôpital de campagne. Ils contrôlent en permanence leur état de santé et interviennent au moindre bobo. Outre les contrôles réglementaires sanitaires, les vétos valident, après un examen clinique complet, de la participation de l’ensemble des chiens présentés au départ de la course. C’est du sérieux et rien n’est laissé au hasard.
On les bichonne.
Nous nous faufilons discrètement dans le village pour approcher les chiens. Juste devant nous, un soigneur masse les muscles des pattes postérieurs d’un animal qui a des contractures. Celui-ci se laisse faire avec confiance et lui donne une petite léchouille en signe de remerciement.
A côté, nous sommes intrigués par le traîneau dont nous ne connaissons pas son poids. A le regarder de près, il semble être en alliage assez léger. Nous questionnons rapidement un musher qui se prépare pour la course. Il nous explique que celui-ci pèse environ 15 kilos et peut être utilisé pendant l’épreuve si un animal est fatigué, blessé ou malade. Il est alors détaché et installé dedans pour lui permettre de récupérer.
Les attelages.
Quant aux chiens, ils courent en tandem dans un ordre bien précis, selon leurs fonctions et leurs rôles. Rien n’est improvisé, bien au contraire ; tout est cogité, calculé et c’est affaire de spécialistes. Chaque équipage compte entre 8 et 10 chiens et nous remarquons que la plupart porte des petits chaussons pour éviter le froid et les coupures de la glace. Le bleu ou le vert apportent une touche colorée sur la neige immaculée avec des points multicolores qui se déplacent à toute vitesse.
Sur la ligne de départ.
Il a lieu sous forme de mass start, c’est-à-dire tous en même temps comme pour les compétitions de ski de fond. Des couloirs sont délimités et les attelages y prennent place en attendant le top départ. C’est impressionnant. Les chiens trépignent d’impatience et c’est un véritable concert canin qui résonne sur le plateau. Ils donnent de la voix et ont hâte d’avaler cette portion de ligne droite pour arriver les premiers. L’objectif est de passer sous l’arche en pole position pour rejoindre la piste et entamer le parcours.
C’est parti.
Les mushers arborent fièrement le drapeau national de leur pays. Les chiens s’élancent comme des boulets de canon. Ils donnent leur pleine mesure. On dirait que tout est facile. Ils courent sur la neige sans effort apparent, ils sont dans leur élément. C’est un spectacle magnifique et prenant. Les hommes et les chiens sont en complète osmose ; ils ne font plus qu’un et s’envolent dans un même élan pour cette dernière étape. Le public est ravi. Il encourage, il applaudit et il exulte. C’est incroyable. Cette ferveur porte les compétiteurs à se dépasser.
Un attelage en carafe.
Nous les voyons faire une grande boucle sur le plateau et repasser devant nous. Un attelage s’arrête tout près. Deux chiens se sont emmêlés. Le musher descend pour remettre de l’ordre et leur dit « Ah non, vous n’allez pas recommencer comme hier ! » Il s’adresse à ses chiens comme à des personnes, ceux-ci ne mouftent pas et repartent de plus belle comme pour se faire pardonner. Après un circuit sur le plateau, les équipages reviennent sur Bessans et fileront ensuite sur Bonneval-sur-Arc pour la fin de la course. C’est dans ce village que la Grande Odyssée Savoie Mont-Blanc se termine pour cette année. Les hommes et les chiens prendront alors un repos bien mérité.
Fin de journée.
Puis, le domaine de ski nordique reprend ses droits. Nous faisons une boucle après le passage des attelages et les pistes sont un peu labourées. Qu’importe, nous leur pardonnons volontiers tant ils nous ont fait vibrer aujourd’hui. Ce soir-là, nous terminons la journée avec un ciel au diapason empreint de magie et de couleurs. Nous sommes ravis de cette pause inattendue ; les mushers et les chiens nous ont offert un spectacle sensationnel. A n’en pas douter, si l’occasion se présente, nous reviendrons les encourager avec un énorme plaisir. Ils le méritent bien.