Situé au cœur de la vallée de la Dordogne, dans le département du Lot, le Gouffre de Padirac est à la croisée du Quercy et du Périgord. En pleine canicule, c’est la visite idéale pour se rafraîchir au cœur des entrailles de la terre, à 103 m de profondeur. C’est tout un réseau souterrain de 40 km de galeries qui sillonne sous nos pieds, mais nous n’en découvrirons qu’une petite partie. Partons sur les traces d’Edouard-Alfred Martel, le découvreur de cette célèbre cavité.
Dans le monde paysan d’hier, les légendes avaient pour vocation d’expliquer l’inexplicable, le remarquable ou même l’inquiétant. Aussi, dans les campagnes quercynoises, à la veillée, les familles se regroupaient autour de la cheminée et écoutaient des histoires venues du fond des âges appartenant à la culture populaire. Le gouffre de Padirac ayant mauvaise presse, voire, le mauvais œil, plusieurs légendes tournent autour de ce site : le Diable, le trésor enfoui ou la Dame Blanche. Nous retenons celle du Diable, à vous de découvrir les autres histoires.
La légende de Lucifer.
« Il y a très, très longtemps, Saint-Martin déambulait sur le Causse pour sauver les âmes des Quercynois. Alors qu’il se penche pour cueillir une fleur, il tombe nez à nez sur les pieds de Lucifer. « On sent le bouc par ici ! » dit-il. Aussitôt, il se redresse et fait face au Diable. Celui-ci lui adresse alors un de ses sourires les plus démoniaques et lui lance un défi.
Si Saint-Martin veut sauver les âmes récoltées par Lucifer qui s’apprête à les mener tout droit en enfer, il devra franchir l’obstacle imposé par son adversaire. Prenant son courage à deux mains, Saint-Martin accepte. Lucifer frappe alors un grand coup dans le sol avec son pied, et creuse le Gouffre de Padirac d’où jaillissent les grandes flammes de l’enfer. C’est un énorme trou béant où on ne voit même pas le fond. « Oh la vache ! » s’exclame le Saint, mais cochon qui s’en dédit.
Il parle à l’oreille de sa mule et grimpe sur son dos. Après un dernier encouragement, celle-ci prend son élan et franchit l’abîme d’un seul bon. Elle atterrit gaillardement de l’autre côté, en marquant la roche de ses sabots. Lucifer, fou de rage et complètement dégoûté lâche alors son sac d’âmes. Il plonge au fond du Gouffre avant de disparaître pour toujours. »
Nous regardons bien, mais nous ne voyons pas l’empreinte des sabots de la mule de Saint-Martin au bord de la cavité, mais il y a tellement de gouffres dans le Quercy…
La véritable origine du gouffre.
Il existe depuis plusieurs milliers d’années et apparaît lorsque la voûte d’une salle souterraine s’écroule et laisse un trou béant servant plus ou moins de dépotoir durant de nombreuses années. Ce n’est qu’en juillet 1889 qu’Edouard-Alfred Martel et ses compagnons descendent à l’aide d’une échelle flottante sans savoir ce qui les attend en bas. Mais ils sont stoppés par la rivière souterraine trop profonde. Lors d’une seconde expédition, ils découvrent alors des stalactites, des stalagmites, des gours. Bref, des beautés naturelles que l’on peut découvrir aujourd’hui au cours d’une visite de plus d’une heure.
« La réalité a dépassé ce dont mon imagination avait rêvé … «
Edouard-Alfred Martel, découvreur du Gouffre de Padirac
Après avoir descendu de nombreux escaliers, nous longeons la rivière en circulant dans les méandres naturels que l’eau a creusé au fil du temps jusqu’à l’embarcadère où nous attendent des barques et leurs bateliers.
« Ici commence la vraie merveille » (E-A Martel).
* La rivière souterraine.
C’est l’occasion de faire une balade en barque de 500 m sur la rivière où nous avançons dans le calme des profondeurs, dans un monde souterrain étrange où le spectacle de l’érosion est permanent. Pour des raisons de sécurité, les photos sont interdites sur cette portion. Nous arrivons sur le lac de la pluie (le bien nommé) où une grande pendeloque, stalactite géante de plus de 60 m nous accueille au débarcadère. Après cet intermède au fil de l’eau, nous reprenons notre circuit pédestre pour la suite du parcours.
* Le lac des gours.
L’éclairage judicieusement placé met en valeur la limpidité de l’eau et lui donne des teintes bleutées et vertes du plus bel effet. Nous sommes en présence d’un lac souterrain où les dépôts de calcaire forment une succession de barrages naturels. On imagine bien qu’à l’époque de Martel, ils ont sans doute rencontré des difficultés pour les passer avec leurs lourdes barques à traîner. Une exposition de photos nous montre d’autres galeries que seuls les spéléologues ont eu la chance de voir. Visiblement, les chemins empruntés paraissent difficiles d’accès que ce soit sur ou sous l’eau.
* La pile d’assiettes et le lac supérieur.
Cela ressemble vraiment à une pile d’assiettes qui s’écroule et paf, c’est tout aplati et de guingois. L’explication de ce phénomène que nous voyons pour la première fois est, somme toute, très simple. Il s’agit de gouttes d’eau qui descendent du plafond à grande vitesse, explosent et déposent le calcaire de façon circulaire en donnant naissance à des formes très aplaties. Quant à lui, le lac naturel suspendu n’est pas alimenté par une rivière, mais uniquement par les eaux d’infiltration. Du coup, on en profite aussi !
* La salle du Grand Dôme.
Imaginez-vous dans une immense cathédrale minérale dont la voûte se situe à 94 m de haut que l’on découvre après avoir grimpé une foultitude de marches, pataugé sur les escaliers trempés et pris la flotte sur la tête. On souffle et on ouvre grand les yeux. C’est spectaculaire. L’espace est à nous et notre regard se perd dans l’immensité et la profondeur de cette salle gigantesque où les concrétions, les draperies et les cascades de calcite se font la part belle. La nature nous dévoile ses merveilles sans restriction. Ce n’est pas rien puisque c’est la plus grande salle souterraine visitable en France.
* La grande colonne.
Nous descendons sur une dizaine de mètres dans un décor grandiose et sommes comme suspendus dans le vide. On se prend presque un coup de vertige. La grande colonne est accrochée à la paroi et descend majestueusement presque au niveau du sol. On ne voit plus qu’elle et on l’admire en attendant notre batelier pour le retour sur la rivière souterraine et notre proche sortie à l’air libre.
Nous faisons le chemin inverse et grimpons à nouveau moult escaliers avant d’emprunter les ascenseurs pour éviter les chassés croisés entre les visiteurs. Nous devons respecter le sens de circulation imposé par les mesures sanitaires lors de notre venue. Même si nous voulions remonter par les escaliers métalliques à pied, nous ne le pouvons pas. Ce n’est quand même pas de chance !
Dans ces galeries souterraines la température ambiante est de 13° et l’hygrométrie est à 98 %, c’est dire qu’une petite laine est vivement conseillée. Sans compter qu’il faut parfois passer entre les gouttes qui tombent de la voûte. Attention, il y a beaucoup d’escaliers, parfois glissants, pensez à mettre de bonnes chaussures, c’est mieux. Et puis, si vous avez encore un peu de temps pour la découverte, Rocamadour est juste à côté ; ce serait dommage de vous priver de ce haut lieu de pèlerinage.
Maynard
25 octobre 2020 at 17 h 24 min
Très bien commenté et faits relatés sur j’étais loin de connaître . Merci les amis.
Nous rentrons d’une balade à l’abbaye de Fontfroide. Bcp de monde !!!!
Sylvie et Bernard - Viens, on s'arrache!
25 octobre 2020 at 17 h 43 min
Ah, l’abbaye de Fontfroide, c’est autre chose, mais c’est pas mal non plus !