Nous les entendons depuis le bas de la rue ces fameux tam-tams incontournables de Montréal et on ne peut les manquer. Leurs percussions nous invitent déjà à la fête. Il suffit de se laisser guider pour arriver sur le lieu des réjouissances au pied du monument dédié à Sir Georges-Etienne Cartier, dans le parc du Mont Royal. Ici, l’ambiance bohème est garantie chaque dimanche, de mai à septembre. Il y a énormément de monde installé à la bonne franquette sur les pelouses pour un pique-nique dominical, une partie de foot ou même ne rien faire du tout en se laissant envelopper par la musique. Pas facile dans cette foule joyeuse de trouver un petit coin de verdure où se poser. Bon d’accord, pour la sieste dans l’herbe, c’est un peu compromis avec le charivari environnant. Les percussionnistes sont à fond ; cela va du djembé jusqu’à la batterie. Tout peut faire l’affaire pour sortir quelques notes et jouer en cadence ou pas. En fait, cela n’a pas d’importance, c’est de l’improvisation la plus totale avec qui veut et c’est ça qui plaît.
Ambiance garantie.
Bonne humeur au menu.
Et si vous ne disposez pas d’instruments, un gros bidon vide fait l’affaire ou des bâtons pour frapper en cadence sur les bancs. A défaut, on marque le rythme en tapant dans les mains, voire des pieds pour un concert improvisé. Malgré des joueurs aux talents très différents et d’instruments disparates, cet orchestre sans chef qui joue comme il l’entend, réussit Ô miracle, à produire quelque chose d’agréable pour nos oreilles. C’est vraiment bluffant et on aime, tout simplement !
Les nombreux danseurs, toutes générations confondues se trémoussent au pied du monument au rythme de cette musique peu académique très prenante. Une fillette d’à peine 4 ans remue son petit popotin tout en grignotant son gâteau. Elle n’est pas impressionnée pour deux sous par les personnes qui l’entourent, la relève est assurée. Que l’on sache danser ou pas, cela n’a pas grande importance puisque personne ne vous regarde. C’est ça aussi les tam-tams, on se laisse porter dans une ambiance festive et paisible où le tout Montréal cosmopolite vient prendre du bon temps. C’est une fête populaire où l’on se rencontre et où l’on se retrouve un peu comme une grande famille. Ici, on ne se prend la tête, ça fait du bien et tout le monde trouve sa place, quel que soit son âge.
Il n’y en a pas que pour la musique.
Nous regardons un long moment des jeunes jongler avec une balle qu’ils font sauter et rebondir sur leurs pieds comme avec un ballon de foot. Ce n’est pas simple à faire compte tenu de la petitesse de cette boule. Pourtant, ils font preuve d’une grande dextérité qui nous épate. Ils sont tellement rapides que nous avons du mal à suivre leurs jeux de pieds. Plus loin, d’autres s’amusent comme des petits fous à guerroyer en costumes de chevaliers ou encore à faire les funambules sur une corde tirée entre deux arbres. Plus loin, les chineurs font le tour des quelques vendeurs qui étalent leurs trésors sur de grandes couvertures posées à même le sol pour trouver un bijou fantaisie ou autre babiole. Seules de petites pièces attendent preneur. Et puis, si vous venez les mains vides et qu’un coup de fringale menace de vous laisser sur le carreau, on ne s’affole pas. Des camionnettes aménagées proposent de quoi se sustenter et se désaltérer ; tout est prévu pour les visiteurs mal organisés comme nous.
Les tams-tams se font entendre et font vibrer tout le quartier jusqu’au coucher du soleil avant de se taire pour mieux s’exprimer le dimanche suivant. Il faut profiter pleinement de cette fête improvisée où il n’y a pas de formalisme, pas de chichi. C’est un moment de partage en toute simplicité, alors laissez-vous faire et consommez tout comme nous, sans modération. Carpe diem !
Crédit photo : H. Binnendijk (vignette)