L’aventure a mal commencé avec une grève surprise des ferries au départ de Marseille. Bien sûr, nous n’avons pas été prévenus et nous sommes le bec dans l’eau (comme bien d’autres) devant une barrière, à attendre des informations sur les éventuels départs, infos que personne ne donne bien évidemment. Qu’à cela ne tienne, nous partirons donc d’Italie. Coup de chance, il reste quelques places disponibles au départ de Gênes pour une arrivée à Porto Torres. C’est un peu juste. Notre 1200 GS avale les kilomètres sur l’autoroute pour un départ, le lendemain, en début de soirée.
Après une bonne nuit en cabine pour se remettre de nos émotions et de la fatigue, nous abordons la Sardaigne. Mais la poisse nous poursuit, le temps est maussade et une petite pluie s’invite. Qu’importe, nous prenons la route en direction du Cap Falcone en longeant le golfe de l’Asinara.
Si Porto Torres est un peu fade, le village voisin de Stintino ne manque pas de charme.
Stintino & la plage de pelosa.
Ce petit village de pêcheurs nous séduit avec ses maisons basses aux couleurs pastel et ses deux ports. C’est à la fois pittoresque et harmonieux ; tout invite à la détente et au farniente. Début mai, il n’y a pas encore grand monde. Nous avons la plage de Pelosa pour nous seuls et c’est l’une des plus belles plages de la Sardaigne. Voici le décor qui s’offre à nous : du sable blanc très fin, des fonds clairs peu profonds, de l’eau couleur turquoise et les récifs du Cap Falcone tous proches. C’est plutôt sympa. Et là, on s’imagine une boisson fraîche dans la main, sous le parasol, à contempler le paysage. Le rêve ! Malheureusement, le ciel est chargé de nuages et le soleil est bien caché. Notre décor de carte postale est un peu tristounet et a du plomb dans l’aile. Pas question de faire trempette aujourd’hui.
Notre baignade remise à plus tard, nous poursuivons tranquillement en direction de notre prochain point de chute.
Tempête sur Alghéro.
Le vent et la pluie s’abattent sur nous aux abords d’Alghéro. L’eau ruisselle dans les rues de la ville, les branches des palmiers sont presque à l’horizontale sous la force du vent, la mer est déchaînée et c’est la cata. On a beau nous vanter tous les mérites du waterproof, celui-ci a ses limites sous le déluge. Nous sommes trempés comme des soupes malgré nos tenues de cosmonautes. Nous avons déjà connu des conditions difficiles de roulage, mais là nous sommes vraiment gâtés. Arrivés au B&B, nous utilisons le sèche-cheveux pour sécher l’intérieur des gants, des bottes, ainsi que la carte routière. Le moteur chauffe et sent le roussi, mais fort heureusement, il résiste.
Rien n’entame notre bonne humeur. Après la pluie, le beau temps. Le lendemain, nous profitons enfin d’une belle journée ensoleillée. Les remparts, les bastions, les tours de la ville fortifiée répondent présents. D’anciennes catapultes avec leurs boulets témoignent d’un passé mouvementé pour la défense de la ville et c’est assez rare d’en voir en si bon état. Ici, nous sommes dans la ville du corail et les bijouteries offrent un grand choix de cette spécialité régionale. Ce qui nous attire beaucoup plus, c’est la boutique façon corsaire qui propose une grande variété de bonbons, exposés sur d’énormes tonneaux. C’est dit, nous entrons !
La route côtière sillonne en lacets entre mer et montagne. C’est un petit paradis avec une eau bleu intense, une côte découpée que viennent lécher les vagues, un soleil radieux et des fleurs colorées. Nous flânons en cours de route et profitons pleinement des décors naturels qui nous entourent. Ce sera une pause pique-nique et bronzette sur une plage de sable blanc avec une mer d’huile comme horizon, les équipements motards roulés en boule en guise d’oreiller. Bosa attendra bien encore un peu notre arrivée.
Cap sur Bosa.
Au loin se profile cette petite ville construite à flanc de colline. Ses vieux quartiers reposent à l’abri de l’imposant château et toutes les maisons sont peintes de couleurs vives. Nous parcourons tranquillement les ruelles tortueuses de la vieille ville avec ses anciennes maisons et ses antiques palais. Il ne faut pas hésiter à franchir les porches d’entrée pour découvrir des plafonds peints originaux. En fin de journée, une balade sur les rives du Temo avec ses barques de pêcheurs est la bienvenue. Cela peut vous sembler banal, mais il y a une telle quiétude que l’on se sent bien assis sur un banc tout simplement à rêver.
Après un rapide passage à Oristano qui ne nous a pas véritablement conquis, nous prenons la route vers l’extrême sud de la péninsule de Sinis pour faire une excursion sur un site archéologique. Petite frayeur lorsque nous nous trouvons presque nez à nez avec un cheval en vadrouille sur la route. Il est tout heureux d’avoir déserté son enclos et fait le show avec quelques ruades. Contrairement à la Corse, nous ne voyons pas de sanglier, ni de cochon sauvage.
Le site antique de Tharros est, paraît-il, l’un des plus beaux de la méditerranée. Nous décidons d’en juger par nous-mêmes.
Les vieilles pierres.
Hélas, il ne reste que des vestiges d’époques depuis bien longtemps révolues avec notamment, les pavés de rues, les canalisations en basalte (pierre noire) et en grès (pierre claire). Franchement, cela ne nous parle pas. La seule curiosité pour nous, c’est un énorme lézard avec une raie jaune fluo sur chacun de ses flancs que nous n’avions encore jamais vu. Il faut néanmoins reconnaître que l’endroit ne manque pas de charme avec la mer qui nous entoure. C’est calme et reposant.
Comme nous n’avons prévu qu’un circuit d’une dizaine de jours, nous ne descendrons pas vers le sud de la Sardaigne. Nous traversons les montagnes aux paysages bucoliques, d’ouest en est, pour rejoindre la côte orientale et le golfe d’Osoreï. Les moutons paissent tranquillement dans les prairies, les oliviers sont bien alignés dans leurs champs et les cultures forment de jolies mosaïques. Ce décor champêtre invite tout naturellement à une pause casse-croûte dans l’herbe. Nous ne sommes pas dérangés, il n’y a pas un chat sur la route, pas même une voiture durant notre arrêt.
Direction la côte orientale.
Nous longeons la côte et le golfe d’Osoreï. La mer est en contrebas de la route, mais elle est inaccessible. La plupart des très belles plages du golfe ne sont abordables qu’en bateau. Avis aux amateurs, pour profiter de la beauté naturelle des différentes plages et des grottes, cela a un coût et plus c’est loin, plus c’est cher. Mais plus c’est loin, moins il y a de monde. A vous de choisir.
Nous remontons vers le nord de l’île pour aller prendre un bateau au départ de Palau et aborder sur l’île de la Maddalena.
L’archipel de la Maddalena.
L’île de forme triangulaire est parcourue par une route panoramique qui offre de beaux points de vue. Cette route, à moto, ce n’est que du bonheur. De multiples criques avec une eau transparente et claire bordent le littoral. Elles incitent à la baignade. Soyons fous et laissons-nous tenter !
La vieille ville historique est pleine de ruelles en pente très animées. Les terrasses des cafés et les boutiques font le bonheur des touristes. Ici, pas de précipitation. Le soleil tape un peu et une pause s’impose avant de reprendre le bac. Nous n’hésitons pas longtemps et allons déguster une bonne glace italienne, bien installés sous la tonnelle d’un figuier.
Notre dernière excursion est prévue près de Palau. Tout le monde en parle et il est presque obligatoire d’aller faire une escapade au Rocher de l’Ours.
Le rocher de l’ours.
Il faut prévoir de bonnes chaussures pour marcher dans les rochers et monter jusqu’au sommet pour profiter d’une vue imprenable. Les sentiers sont nombreux et les panoramas sublimes. Les rochers sont sculptés par l’érosion et le vent et les massifs rocheux de granit offrent de multiples formes ressemblant à des animaux et même à des personnages célèbres, tel le Général de Gaulle (dixit notre guide), mais nous ne l’avons pas vu ou pas reconnu.
Il est temps maintenant de penser au retour. Nous devons rejoindre Santa Teresa Gallura pour prendre un bateau en direction de Bonifacio. Hé oui, nous n’avons pas résisté à faire un petit tour en Corse pour remonter jusqu’à Ajaccio pour la traversée jusqu’à Nice.
Un petit coin de paradis pour motards.
Les paysages sont splendides, avec du cachet et du caractère. La route côtière est très agréable. Nous sommes presque en permanence entre terre et mer. Les contrastes sont vraiment séduisants et les panoramas sont sauvages et pittoresques, dans une nature préservée. Et c’est sans exagération. Nous n’avons eu que des contacts chaleureux avec les habitants de l’île.
Côté température, le mois de mai est idéal. A cette époque de l’année, il fait bon sans chaleur excessive. Mis à part une journée complète de très mauvais temps, le soleil est au rendez-vous. Cette île n’a vraiment rien à envier à sa jumelle la Corse ; c’est aussi beau, aussi captivant. Elle a même un sacré plus avec ses routes parfaites et les motards se font plaisir. Pourtant, elle semble un peu laissée pour compte et c’est vraiment dommage.
Thierry Beauge
7 mai 2019 at 13 h 43 min
Bravo et merci à Sylvie et Bernard. Je suis aussi en train de quitter « la vie active » pour une vie « plus active » et en partie en moto. Je crois que je vais rouler sur vos traces. J’hésite entre un voyage libre ou avec un guide. Je suis seul et la connaissance des lieux par le guide est sans doute irremplaçable, mais je n’aime pas les trop gros troupeaux…
Merci pour vos commentaires.
Très cordialement
Sylvie et Bernard - Viens, on s'arrache!
8 mai 2019 at 9 h 50 min
Ah, les virées motos que du bonheur! Nous alternons les voyages seuls,et les (petits) groupes où la présence d’un guide est indispensable, comme l’Inde ou le Pérou. Profitez bien !