Ce monastère est le plus vieux gompa (nom tibétain désignant un monastère bouddhiste) connu du Ladakh. Il est également appelé Yund-Dung Thapa Ling. Selon la légende, Naropa, disciple du maître Indien Tilopa, méditait sur un minuscule bout de terre, au milieu d’un lac. Il émet le vœu de voir construire un monastère à cet endroit. Miracle! Quelque temps après, le lac s’assèche et un monastère est alors érigé : le monastère de Yund-Dung, aujourd’hui appelé Lamayuru. Il se dresse fièrement sur son rocher à 3510 m d’altitude et domine le village en contre-bas. Il est entouré de montagnes arides et austères alors que la vallée offre un décor verdoyant. Ici vivent en permanence 200 moines et lamas, dont une cinquantaine de jeunes moinillons scolarisés au monastère. Leh, capitale de Ladakh se trouve à environ 125 km.
Arrivée au monastère.
Notre circuit moto pour la transhimalayenne au Ladakh nous conduit aux portes de ce monastère. Après avoir garé nos machines en rang d’oignons, nous montons tranquillement à pied pour en faire la visite. En chemin, nous croisons plusieurs femmes qui portent la tenue du Zanskar avec le pérak (grandes oreilles en mouton noir et bande de cuir cousue de turquoises) ; une grande peau descend avec élégance sur leurs dos. C’est la première fois que nous voyons ce genre de coiffe si singulière.
Nous arrivons en pleine cérémonie religieuse empreinte de ferveur et de simplicité où les costumes traditionnels chatoient de couleurs.
Communion et recueillement.
Bien qu’étrangers, nous sommes chaleureusement accueillis et invités à participer à cette fête avec toutes les personnes présentes. Nous nous faisons petits et allons un peu à l’écart pour être au-dessus de toute la foule massée devant l’estrade.
Le Rinpoché (le Très Précieux en tibétain, titre généralement réservé à un lama incarné) lit des prières d’une voix monocorde, mais apaisante. Bien sûr, leurs sens nous échappent complètement, mais qu’importe. C’est saisissant de voir tous ces visages empreints de béatitude et de sérénité. La foule est silencieuse et boit littéralement ces paroles au pouvoir bienfaisant. La ferveur est palpable et on peut presque la toucher du bout des doigts. Nous sommes comme enveloppés par une aura protectrice et c’est une sensation très étrange. Nous sommes un peu comme dans une bulle où le temps et l’espace sont suspendus.
Ils sont tous là.
Toutes les personnes sont assises sans façon à même le sol et vont rester presque la journée entière à prier. Des moines et des jeunes femmes servent du riz et de la boisson à ceux qui le désirent. La cour intérieure est noire de monde. Tous les habitants des villages alentours se sont donné rendez-vous ici pour assister à cet office. Au cours de la cérémonie, nous remarquons la façon très curieuse dont les vieilles personnes tiennent leur chapelet et croisent les doigts. Le tipi ou tibi (chapeau haut de forme en satin brodé) qui couvre les femmes aux longues nattes attirent le regard. C’est une particularité de la région du Ladakh. Les moines avec leurs vêtements rouges apportent une touche colorée à l’assemblée. Ici, les jeunes et les anciens se côtoient et s’unissent avec respect dans une totale communion.
Le Rinpoché.
La présence militaire fait également partie du décor, mais se montre discrète. Étant une personnalité religieuse importante, Le Rinpoché (signifiant littéralement « le précieux« ) est protégé. Pour faire simple, c’est un peu comme le pape pour nous. A notre arrivée à l’aéroport de Leh, nous avons vu un jeune moine d’une douzaine d’années tout au plus, entouré de gardes du corps. Pas question de l’approcher. Ce petit bonhomme avait une voiture privée décorée de grands rubans colorés qui l’attendait à son arrivée. Il bénéficiait d’attentions de tous les instants et les personnes se prosternaient devant lui avec dévotion et respect. Nous sommes restés un peu interdits devant cette scène insolite, mais cette adoration était tout à fait naturelle pour ce jeune garçon, pas ému pour deux sous. Renseignement pris, il s’agissait d’un futur Rinpoché déjà conscient de ses devoirs.
Ce temps fort, hors du temps nous est offert et nous le savourons sans réserve avec la population locale. C’est une parenthèse inattendue de cette visite au monastère que nous vivons en toute humilité. Nous ne nous attardons pas auprès des fidèles, et après un dernier signe amical aux enfants tous souriants qui nous font de grands signes, nous reprenons la route pour la poursuite de notre périple ; les lacs nous attendent et bien d’autres monastères encore.
MAYNARD Geneviève
18 février 2018 at 14 h 56 min
Très culturel. On apprend et de plus les photos sont superbes.
Sylvie et Bernard - Viens, on s'arrache!
18 février 2018 at 15 h 11 min
Merci, merci!
Laurent
19 février 2018 at 21 h 23 min
Ah Lamayuru, que de bons souvenirs ! J’y avais passé 4 ou 5 jours en 2000, et repassé brièvement en 2003. Je logeais dans une petite auberge face au monastère, un vrai régal. Le bâtiment tout à gauche sur la première photo n’existait pas en 2000, mais était là en 2003. Ça m’avait surpris de voir alors ce grand bâtiment tout blanc et si neuf par rapport au reste. Cette bâtisse fait partie du monastère, ou pas du tout ?
Et puis les moines tellement espiègles, tu me donnes envie d’y retourner tiens. Merci pour la balade 🙂
Sylvie et Bernard - Viens, on s'arrache!
20 février 2018 at 12 h 17 min
Le grand bâtiment était repeint à neuf, probablement pour la venue du Rinpoché lors de cette grande fête religieuse. Il fait partie du monastère. Nous sommes ravis de partager ces souvenirs avec toi. Ce passage à Lamayuru reste un fabuleux souvenir avec cette fête hors du temps.