Partis pour faire le canal de Nantes à Brest à vélo, nous sommes arrêtés dans notre élan par une météo particulièrement merdique. Nous nous tournons alors vers le village de La Gacilly dans le Morbihan. Là-bas, l’après-midi s’annonce, à priori, sans ondée. C’est donc le moment d’aller découvrir le plus grand festival photos en plein air de France. C’est une première pour nous puisque nous ne connaissons pas du tout.
Un heureux hasard.
Ce début d’août pourri et les températures frisquettes ne sont pas engageantes, surtout lorsque la pluie s’en mêle. Il nous faut trouver une alternative pour prendre l’air sous peine de péter un câble confinés dans le camping-car. Coup de chance, en fouillant dans nos documentations, nous trouvons une brochure sur les activités des villages en pays de Brocéliande. Mais oui, vous connaissez forcément Merlin l’Enchanteur, les fées et même les Korrigans. Ceux-ci pleurent tellement que leurs larmes se transforment en cours d’eau et le sang des fées donne sa couleur pourpre au sol de la forêt. Ici, tout est magie dans la forêt enchantée. Après avoir profité d’une éclaircie à Paimpont pour faire le tour de l’étang entre deux averses, nous filons sur La Gacilly pour profiter de son festival photos sous un ciel plus clément.
L’édition 2021.
Les thématiques.
Pour cette 18ème édition (du 1er juillet au 31 octobre 2021), ce sont 1000 images exposées par une vingtaine de photographes internationaux sur les thèmes Plein Nord, le monde de demain et créations qui nous attendent. Pour l’occasion, les jardins, les venelles, les murs des habitations, les places servent de supports à cette exposition hors-normes. Tous les espaces du village se transforment en galeries à ciel ouvert et c’est particulièrement réussi. Clichés couleur ou en noir et blanc de différents formats, c’est une invitation à des prises de conscience environnementales : le réchauffement climatique et ses conséquence, la fonte des glaciers, la menace sur le mode de vie des Inuits en Islande, la déforestation… ou sur des sujets plus légers propices à la poésie, la contemplation et l’évasion.
Le circuit.
Tout est en accès libre et en extérieur, gratuitement, pour les 22 expositions réparties dans 15 galeries. Nous circulons dans le village en empruntant des ruelles bordées de murs à l’ombre des arbres, débouchons sur des jardins publics ou dans un labyrinthe végétal, descendons des rues fleuries où l’emplacement de chaque photo est pensé pour se fondre dans son environnement. Des espaces de repos et des bancs sont mis à disposition du public pour lui permettre d’apprécier plus longuement, s’il le souhaite, les œuvres exposées. C’est une déambulation pleine de surprises que chacun effectue à son rythme en prenant plus ou moins de temps selon ses coups de cœur.
Nous ne vous détaillerons pas tous les thèmes, à vous de les découvrir lors d’une prochaine visite. Chaque photographe a sa technique propre, selon le sujet traité ou le but recherché. Ce peut être percutant, voire dérangeant, empreint de sensibilité ou seulement informatif, il y a de tout, de tous les genres et pour tous les goûts. En tout cas, l’objectif est pleinement atteint puisque ces photos interpellent et ne laissent personne indifférent.
Les photographes qui nous ont marqué.
Il y a tellement de belles réalisations et de belles idées que c’est un peu réducteur de n’en citer que trois. Ils nous ont tapés dans l’œil. Pour autant, c’est un choix tout à fait arbitraire qui nous appartient, dans des registres complètement différends. Les voici.
Ragnar Axelsson (dit Rax) – L’homme et l’hiver.
Ces photographies noires et blanc sont criantes de vérité et nous sommes plongés dans le monde immaculé des glaces du Groenland et de l’Arctique avec les chiens de traineaux. C’est extraordinaire. Les hommes et les bêtes font face aux éléments dans des décors naturels somptueux. Nous tombons littéralement sous le charme du grand blanc aux confins de l’extrême. Ce photographe est fortement sensibilisé au réchauffement climatique et à ses conséquences sur le mode de vie traditionnel des Inuits. Nous ne résistons pas à vous le citer “Le Nord est un espace fragile et voyager dans ce monde c’est comme être l’homme le plus riche sur terre. Regarder les étoiles, la nuit, alors qu’il n’y a aucune lumière qui interfère, est un privilège. Les Inuits ignorent ce que le futur leur réserve…. »
Eric Johansson – En trompe l’œil.
Il est complètement bluffant, surprenant et bougrement talentueux. C’est le roi de l’illusion. Son Art, c’est tout simplement la combinaison de plusieurs images, remaniées avec les outils numériques. Son objectif est de « créer un puzzle de réalité» et « rendre la lecture de l’image finale le plus compliqué possible » pour « que le spectateur ne puisse pas trouver où commence la photo originale ». Est-ce que c’est clair pour vous ? C’est un vrai magicien qui nous joue de bons tours et nous sommes subjugués.
Nick Brant – This empty world.
Ces photos géantes sont saisissantes et captivantes. Elles sont réalisées sans autre trucage que la simple superposition de deux clichés et le résultat est confondant. Avec ces décors créés de toutes pièces, l’auteur dénonce l’urbanisation galopante où les animaux n’ont plus d’habitats naturels pour survivre. Ces œuvres interpellent sur le devenir des animaux dans le monde de demain.
Nous sommes véritablement enchantés et complètement séduits par cette découverte inattendue. Quand on vous dit que le hasard fait parfois bien les choses. En voici la preuve.