Au commencement, c’est l’histoire d’un rêve complètement fou, celui de Barry Brickell, potier et passionné de chemin de fer. Ce voyage ferroviaire captivant n’aurait pu avoir lieu sans sa pugnacité et le travail titanesque qu’il a réalisé. C’est l’histoire de toute une vie. Il se lance seul avec ardeur dans cette aventure et construit le tracé de cette ligne qui nous amène jusqu’à une plateforme d’observation où la vue est sublime. Montons à bord du Driving Creek Railway pour une balade insolite à travers le bush pour la découverte d’un paysage unique sur la presqu’île de Coromandel. C’est une curiosité puisque c’est le seul train de montagne en Nouvelle-Zélande qui ait une voie aussi raide et aussi étroite.
Un parcours unique en son genre.
Dès notre arrivée sur le site, une pancarte nous rappelle que nous sommes à des milliers de kilomètres de chez nous. C’est vrai que la Nouvelle-Zélande, pays du haka, ce n’est pas la porte à côté. Dans la gare poussiéreuse, on se croit presque au temps des chercheurs d’or avec les antiques voitures tout en bois et métal qui nous ramènent à un temps lointain. La voie unique et sinueuse nous transporte au milieu de la forêt , de ses fougères géantes filtrant les rayons du soleil et d’une grande variété d’essence d’arbres différente. Même si l’on ne voit pas l’avis que l’on trouve habituellement dans nos trains, vous savez la fameuse mention « non sporgerti » ici, ce n’est pas écrit, mais ce n’est pas du tout conseillé de se pencher par les fenêtres ouvertes pour essayer de toucher les branches feuillues.
Une construction singulière.
Tout au long du parcours, on se rend compte du travail exceptionnel réalisé pour la construction de cette ligne nous permettant de traverser une végétation luxuriante jusqu’au sommet. Ce pittoresque chemin de fer circule tranquillement sur un dénivelé de 112 mètres avec des tunnels, des aiguillages, des ponts et même un viaduc à deux étages. C’est un incroyable exploit technique, et tout ça, à l’origine avec des pièces de récupération. Il y a même des points de retournement où le train fait des marches arrière pour effectuer ses virages et reprendre sa grimpette dans la pente. Il a pensé à tout ce Barry, un vrai génie.
Quelques particularités.
Lorsque les côtés de la voie ne sont pas en briques joliment décorées, nous découvrons des murs de soutènement réalisés avec des bouteilles de verre vides, bien alignées sur plusieurs rangs atteignant parfois une hauteur de trois mètres pour les parties les plus hautes, c’est assez exceptionnel et révèle une méthode judicieuse de recyclage pour le moins originale ; c’est inédit et il fallait y penser. On ne sait pas combien de flacons ont été utilisés, ni même si leur nombre est connu, mais c’est impressionnant et redoutable d’efficacité. En tout cas, c’est de l’authentique !
Les poteries.
Les œuvres de notre célèbre Barry jalonnent et agrément le parcours en apportant une touche atypique et très sympathique que l’on ne trouve nulle part ailleurs sur une voie ferrée. Elles témoignent du talent de l’artiste. Certaines sont bien cachées au milieu de la verdure, il faut vraiment avoir l’œil bien ouvert pour les trouver. On sent qu’il a mis toute son âme dans la construction de cette voie et les voyageurs apprécient cette excursion empreinte de calme, en pleine nature. On se laisse porter dans une ambiance tranquille où le temps semble arrêté dans cet univers végétal, avant d’atteindre le terminus et la bien nommée tour Eyeful (Tour des Yeux).
Vue sur la presqu’île de Coromandel.
Nous voilà arrivés et tout le monde descend pour admirer la vue qui s’étale devant nous. La presqu’île sauvage de Coromandel est là, presque à portée de main. En tout cas, juste sous nos yeux, le panorama est spectaculaire sur le golfe d’Hauraki et ses îles. Et s’il fait vraiment beau, vous apercevrez tout au loin, la Skytower d’Auckland. Le temps de faire quelques photos, puis nous reprenons le chemin en sens inverse. Si la balade à bord de ce train dure un peu plus d’une heure aller/retour, nous sommes tellement dépaysés que nous avons l’impression d’être partis bien longtemps. Ce voyage, presque au bout du monde, nous offre en prime, un grand bol d’oxygène au cœur d’une nature intacte.
Crédit photo : RNZ (Vignette)