Elles font rêver ces gorges. En effet, elles permettent d’être admirées de plusieurs façons et sous tous les angles. On peut s’affûter les mollets et la faire à vélo, admirer le paysage en s’arrêtant aux points de vue aménagés le long de la route à moto ou en voiture, contempler les falaises et crapahuter en randonnée pédestre ou encore en canoë. Nous avons testé ces différentes façons et certaines s’avèrent un peu plus sportives que d’autres, mais leur point commun réside dans le plaisir de la découverte avec une vision différente selon le mode de transport utilisé.
A pied, à vélo, à moto ou en canoë.
A vélo.
Bon, ce n’est pas facile, facile en empruntant la route panoramique un peu en montagnes russes. Que l’on parte de Vallon Pont d’Arc ou de Saint-Martin d’Ardèche, la distance d’une trentaine de kilomètres reste la même pour relier ces deux points, dans un sens ou dans l’autre. Pourtant, partir de Saint-Martin d’Ardèche vers Vallon Pont d’arc s’avère plus facile que dans l’autre sens (l’expérience parle, vous pouvez nous croire).
La première fois.
Il faut donc, comme on dit en jargon cycliste « en avoir un peu dans les pattes » avant de s’attaquer à ce morceau. Et pourtant, la première fois que nous la faisons, nous avons une vingtaine d’années. Il y a donc fort, fort longtemps, mais c’est un souvenir inoubliable. Nous partons un peu la fleur au fusil. Il pleut et nous avons choisi l’itinéraire le plus difficile. Erreur de jeunesse ou inconscience, sûrement les deux ! Nos vélos, du costaud (très franchement de vieux clous) sont assez lourds, sans compter le barda avec les sacs de couchage, une mini tente et le matériel de camping : c’est une vraie expédition. Qu’à cela ne tienne, nous y allons le cœur vaillant sans vraiment d’entraînement. Mais la jeunesse ne compense pas tout. Lorsque nous devons grimper les côtes qui se succèdent, le vélo a bien failli être balancé dans le caniveau. Pour autant, nous remplissons notre contrat et nous sommes tellement contents de notre prouesse que nous enchaînons ensuite avec les gorges du Tarn. Nous étions invincibles à l’époque. Mais çà, c’était avant.
Nous refaisons ce parcours à plusieurs reprises, mais avec un peu plus d’entraînement et un meilleur vélo. Cela fait une grande différence. Lors de notre dernière sortie, Sylvie a crevé. Pas de chance ou bonne nouvelle pour elle, elle rebrousse chemin à pied. Heureusement, nous n’étions pas très loin : 3 kilomètres à pied, ça use, ça use, ça use les souliers…
A moto ou en voiture.
Nul besoin de vitesse ni de pétarade, il faut juste que la moto prenne un petit rythme. Ensuite, on profite et on se laisse porter par les panoramas environnants. Attention, il n’est pas dit, qu’une biquette ou plusieurs, pointent leurs museaux au détour d’un virage et les cailloux sont également très fréquents sur la chaussée. Ici, la prudence s’impose, comme partout ailleurs. Pour profiter des belvédères aménagés le long de la route, il est préférable de faire les gorges dans le sens Vallon Pont d’Arc vers Saint-Martin d’Ardèche pour accéder facilement aux parkings, plus nombreux à droite de la voie de circulation. Chacun offre une perspective imprenable sur la rivière. En voiture, il est difficile de stationner en dehors des emplacements prévus, puisque les abords de la route sont truffés de caillasse et impraticables. Nous connaissons presque par cœur tous ces arrêts. Et pourtant, à chaque fois, nous avons plaisir à faire une halte pour contempler les paysages, quelle que soit l’heure du jour ou la saison.
A pied sur un ou deux jours.
Un sentier balisé parcourt les gorges entre Chames et Sauze. Il faut prendre la précaution de réserver la remontée en bus pour revenir à son véhicule laissé en stationnement et il convient également de se renseigner sur la hauteur de l’eau avant de partir, plusieurs gués sont à franchir. Inutile de rappeler qu’il faut être en bonne condition physique, c’est la base. Un équipement de randonnée est bien sûr indispensable avec de bonnes chaussures de marche et quelques accessoires essentiels (chapeau, lunettes de soleil, protection solaire, repas dans la musette et eau en quantité suffisante) au minimum.
Sur la journée.
On ne veut pas vous effrayer, mais c’est vraiment sportif. Il est impératif de s’entraîner avant de se lancer dans une pareille aventure, si on ne veut pas y laisser des plumes. Nous passons la nuit en camping-car sur place, pour être opérationnels dès le lendemain. Partis à 7H 30 du matin, nous arrivons à Sauze pour prendre le bus vers 17 heures, avec juste une halte pour le repas de 45 minutes environ et une rapide baignade. Nous n’amusons pas le terrain, mais sans courir non plus. La première partie est assez facile ; la seconde partie après Gournier se révèle plus difficile, d’autant qu’il faut escalader des rochers sur un terrain beaucoup plus accidenté. La chaleur et la fatigue aidant, cette partie est assez éprouvante. Pour récupérer un peu, nous piquons un petit roupillon dans le bus qui nous ramène à notre véhicule.
Sur deux jours.
Ce n’est pas mal et l’on peut faire une halte à Gaud (au tiers du chemin) ou à Gournier (à mi-parcours). C’est pratique et cela permet de se reposer et de profiter différemment de la balade. Les bivouacs sont payants pour la nuitée. Nous dormons à la belle étoile avec juste un petit tapis de sol et un sac de couchage, sous un ciel étoilé avec les chauves-souris comme compagnes. Nous adorons, c’est magique. Et puis, nous avons de la chance, le beau temps est avec nous. Petit déjeuner au Chocolac (boisson chocolatée, d’une certaine époque), quelques barres de céréales et le tour est joué. Nous sommes prêts à repartir. La seconde partie du parcours s’avère toujours être aussi fatigante, quel que soit le temps de parcours choisi ; c’est une constante.
Des paysages fabuleux.
Nous avons tout le loisir de les contempler. Vues du bas, les falaises sont encore plus impressionnantes et nous faisons de courtes pauses pour apprécier ces décors naturels. Le chemin n’est pas très bien indiqué et nous nous écartons de temps en temps, mais comme il faut longer la rivière, nous le retrouvons assez aisément. Bien sûr, nous piquons une petite tête pour nous rafraîchir, il n’y a rien de meilleur, surtout dans des endroits où il n’y a personne. Nous croisons, à plusieurs reprises, les chèvres qui font non seulement la renommée des gorges, mais également partie intégrante du décor. Leurs odeurs mêlées à celles des boucs nous titillent le nez en passant. Quant au camp de naturistes que l’on traverse inévitablement, on peut difficilement ignorer un pêcheur cul nu, assis dans sa barque la canne à pêche entre les jambes. C’est trop drôle. Les belles, quant à elles, se dorent la pilule sur un promontoire en tenue d’Eve, de façon très aguichante. On ne peut les manquer, elles sont toujours à la même place.
La descente en canoë.
C’est plus classique et c’est bien connu puisque la majorité des vacanciers viennent pour ça. Plusieurs distances sont proposées (8, 12, 24 ou 32 km). Tout le monde y trouve son compte, en fonction de sa condition physique ou de ses envies. Bien sûr, selon le mois de l’année, il y a plus ou moins d’eau et plus ou moins de monde aussi. Attention la rivière Ardèche est capricieuse et son niveau peut très rapidement monter de plusieurs mètres, lors de fortes pluies. Les conditions météo sont donc à prendre en considération avant de se lancer dans la descente des gorges. Une année, début août, nous avons eu droit à une grosse averse de grêle et là, ce n’est franchement pas très drôle.
Côté pratique.
Pour les grandes distances, il nous est remis un gros bidon avec couvercle. Il sert à mettre des vêtements de rechange au sec et des provisions pour la pause repas. Les gilets de sauvetage sont obligatoires. Un petit tuyau en passant ; nous recommandons de prendre des gants de cyclistes pour éviter les ampoules sur les mains, ainsi que de vieilles baskets pour les cailloux de la rivière. Selon la distance choisie, la provision d’eau, de victuailles et d’équipement sera adaptée. Lors de notre toute première descente (il y a des lustres), nous n’avions rien dans notre bidon, hormis un tee-shirt de rechange. Pas de victuailles et pas d’eau ! La vraie galère dans toute sa splendeur pour de vrais bleus.
Se faire la descente maxi.
En canoë, nous faisons toujours la plus grande distance pour passer sous l’arche. C’est superbe. Il faut compter en moyenne 6/7 heures pour arriver à Sauze et moins pour les meilleurs. Lorsque l’on dispose d’un weekend entier, c’est vraiment sympa de faire une halte bivouac. Nous en avons déjà parlé. Nous passons plusieurs rapides et certains demandent plus d’adresse que d’autres. C’est le côté fun. Des spectateurs attendent aux points stratégiques et espèrent voir les canoës se retourner pour leur plus grande joie. Nous aussi, nous allons à l’eau, mais pas toutes les fois. Le plus difficile, c’est de ne pas lâcher la pagaie ; à moins d’avoir un bon samaritain qui vous la récupère, le courant l’entraîne toujours plus loin.
Avant de terminer, il nous revient à l’esprit une anecdote. Au mois de juillet, nous sommes à en camping-car à Sauze. A côté de nous stationne un autre véhicule, ce sont des Italiens. Il est 20 heures et nous remarquons une jeune fille de dos, assise au bord de l’eau, un drap de bain jeté sur ses épaules, un canoë à côté d’elle. Bizarre.
Notre BA.
21 heures, elle n’a pas bougé et reste là sans rien faire. Bizarre. Inquiets, nous ne résistons plus et nous allons la voir. Cette jeune femme est allemande, mais parle un peu le français. Elle nous explique que son compagnon est parti pieds nus vers 18 heures pour récupérer leur fourgon stationné près de l’arche. Vous imaginez le topo, presque 30 km sans chaussures, le long de la route et en pleine nuit. Nous voyons bien qu’elle est soucieuse, car le temps passe et toujours personne à l’horizon. Nous demandons alors à nos voisins de surveiller le canoë et nous remontons les gorges en véhicule. Nous scrutons les bords de la route, à la recherche de notre piéton. Chemin faisant, nous croisons une voiture de la gendarmerie ; le camping sauvage étant interdit, ils patrouillent en permanence tout l’été. Quelques kilomètres plus loin, notre marcheur est là et il n’est pas prêt de l’arrivée, loin s’en faut. Quel soulagement pour tout le monde ! Nous ne comprenons toujours pas comment les gendarmes ont pu le rater, cela reste une énigme. Les deux jeunes gens récupèrent leur véhicule avant de redescendre sur le parking pour prendre leur canoë. Tout est bien qui finit bien et tout le monde va pouvoir maintenant passer une bonne nuit.
Nous avons fait les gorges de nombreuses fois, à moto, à vélo, à pied, en canoë, en voiture et en camping-car, mais pas à cheval. Pourtant nous avons l’impression de redécouvrir ce décor à chaque fois et toujours avec autant de plaisir. Ces gorges ont quelque chose de magique qui nous aimante et nous y revenons toujours avec bonheur.
.Noëlle
2 juillet 2018 at 8 h 17 min
Toujours de très jolies photos, c’est un plaisir de voyager avec vous
Sylvie et Bernard - Viens, on s'arrache!
2 juillet 2018 at 10 h 20 min
Un grand merci !
lamariniereenvoyage
25 juillet 2018 at 8 h 00 min
Quelle belle découverte que votre blog ! Vous avez bien raison de profiter de la retraite !
Votre récit donne vraiment envie de découvrir les gorges de l’Ardèche. Depuis le temps qu’elles sont sur ma liste… ce sera pour l’été prochain !
Sylvie et Bernard - Viens, on s'arrache!
26 juillet 2018 at 21 h 53 min
Les gorges de l’Ardèche nous attirent comme un aimant et nous y revenons toujours. Nous espérons que vous pourrez en profiter vous aussi, le temps passe si vite que l’été prochain sera bientôt là. Bises