Au cours de notre circuit moto dans le Ladakh, nous avons la chance de voir plusieurs lacs de montagne. Le terme tso veut dire lac en ladakhi et en tibétain. Ils sont tous particuliers et uniques, mais ils ont en commun leur beauté naturelle et sauvage. Ils sont une récompense au terme de journées sportives, entre pistes caillouteuses et sablonneuses, et de longues étapes parfois éprouvantes. Quel bonheur de les contempler au bout du monde et d’en profiter pleinement sans une foule de touristes ! Ils sont tout à nous.
Tso Moriri (4595 m)
Notre coup de cœur. Ce magnifique lac est entouré par la Chine, le Pakistan et le Cachemire et ce sont des voisins pas toujours très sympathiques. C’est pour cette raison que nous ne pouvons malheureusement pas en faire le tour. Sa belle couleur bleu turquoise est intense et profonde ; la limpidité de son eau est un enchantement. Pour autant, pas question d’y faire trempette, l’eau est assez froide à cette altitude. Les paysages qui nous entourent sont splendides et le ciel est d’une incroyable pureté. Toute cette beauté nous saute à la figure et nous coupe le souffle. C’est tout simplement magique !
Kiagar Tso (4670 m)
Nous mangeons beaucoup de poussière sur cette longue étape avant d’arriver en bordure de ce lac. Nous savourons donc, avec le plus grand plaisir, cette halte pour profiter du décor autour de nous et reprendre notre souffle. C’est un « petit » lac salé avec des chevaux sauvages qui broutent paisiblement. Fin septembre, les sommets des montagnes environnantes sont déjà enneigés ; l’hiver approche à grands pas. Le paysage est un peu lunaire, mais ne manque pas de charme malgré sa désolation. Ici aussi, tout est calme et paisible et nous n’entendons aucun bruit.
Tso Kar (4530 m)
Comme saupoudré de sucre glace.
Le lac Tso Kar ou lac blanc est un peu particulier. C’est un lac très salé et le sel se dépose tout autour des berges comme une fine pellicule de neige. C’est très surprenant. Nous admirons le panorama que nous offre la nature et c’est de toute beauté. Complètement perdus dans cette contrée où il y a peu de monde, nous respirons à pleins poumons et ça fait du bien. Les montagnes aux sommets enneigés se reflètent dans l’eau et s’impriment à l’envers. Cerise sur le gâteau, nous avons la grande chance de voir, une espèce rare de grue à cou noir (black neck) se promener tranquillement en couple.
La légende du lac.
«Autrefois, il y a bien longtemps, cette région était un paradis composé d’un village et d’un bel océan. Un jour, le dieu qui veillait sur la région décida d’apparaître sous la forme d’un moribond. Tous les habitants le rejetèrent à coups d’injures et de pierres. Tous, sauf une petite fille. Furieux de cet accueil, il aspira l’océan. Quelques gouttes tombèrent de son nez, formant le Tso Kar. Puis il dit à la petite fille que quelqu’un l’attendait sur la montagne. Quand elle fut sur les hauteurs, il recracha une partie de l’eau, engloutissant les méchants villageois et créant, un peu plus loin, le lac Tso Moriri.»
Malheureusement, ce lac disparaît un peu plus chaque année, laissant le sel former comme un linceul.
Nous avons pleinement conscience de la chance que nous avons de pouvoir contempler ces magnifiques lacs d’altitude, tous à plus de 4000 m. Nous ouvrons grands les yeux devant les panoramas qu’ils nous offrent, et emmagasinons des souvenirs jusqu’à plus soif. Puis, nous poursuivons notre route à la découverte du Ladakh qui nous réserve encore bien des surprises.