C’est à Fort Kochi que nous arrivons pour démarrer notre road trip moto en Inde du Sud et plus particulièrement dans le Kérala. Nous avons hâte de découvrir la promenade qui longe le rivage et les Chinese fishing nets (filets de pêche chinois) dont tout le monde parle. C’est carrément fascinant !
Un système ingénieux.
Intrigués par ces installations étonnantes, nous approchons un pêcheur et lui demandons s’il est possible de voir le filet de plus près. Il nous invite avec un large sourire et nous en explique son fonctionnement. Au premier abord, on trouve que le système utilisé est on ne peut plus archaïque. Ce n’est pas faux, mais il est particulièrement ingénieux et d’utilisation très simple. On utilise des supports en bois, des cordes, des poulies et des contrepoids avec de grosses pierres. Le tour est joué. Nous mettons même la main à la pâte pour le faire remonter en tirant sur les cordes. Tout fonctionne à merveille et ce maniement ne demande pas à être monsieur muscles pour s’en sortir. Fastoche, même Sylvie se débrouille très bien, sans effort. On monte et on baisse le filet, rien de compliqué en somme, sauf que cette manipulation est reproduite à longueur de journée. Quant à obtenir une pêche miraculeuse à chaque fois, là, ce n’est pas gagné.
Cela donne quoi aujourd’hui ?
Ce n’est vraiment pas Byzance et il n’y a qu’un seul poisson dans le filet. A notre grande surprise, il pèse son poids le coco et notre pêcheur ravi joue les acrobates pour l’attraper. Très fier et tout heureux, il le montre à tous ses copains alentours. C’est visiblement la meilleure prise de la journée. Pour le reste, il y a juste quelques petits poissons, une dizaine tout au plus qui se bat en duel dans un bac en en plastique. En fait, ils ne sont plus très vaillants, les pauvres. Selon notre pêcheur, après le dernier tsunami qui a frappé les côtes indiennes, il n’y avait plus de poisson pendant 15 jours parce que l’eau avait été trop remuée. Dur métier !
Mais il n’y a pas que la pêche au carrelet sur ce bord de mer, certains vont pêcher avec leur bateau en allant beaucoup plus loin. D’autres restent en bordure de plage et lancent manuellement leur filet.
Un lancer tout en souplesse.
Nous prenons plaisir à saisir en plein mouvement, les filets lancés à la main ; le geste technique est particulièrement gracieux. Malheureusement, le résultat est décevant et le filet est souvent vide. Pourtant les pêcheurs répètent inlassablement le même geste avec l’espoir de ramener quelque chose. Sur les cinq lancers auxquels nous assistons, il n’y a rien, même pas l’ombre d’une queue de poisson.
La pêche traditionnelle.
Au petit matin, les bateaux colorés rentrent de la pêche et les poissons très attendus sont vendus à la criée dès leur arrivée, posés à même le sol. On les retrouve à midi sur les dessertes réfrigérées des restaurants prêts à être cuisinés selon nos envies. Pour ceux qui aiment les produits de la mer, il n’y a qu’à se laisser tenter et se faire plaisir. Il y a pléthore de petites gargotes très sympas avec des bancs et tables en bois qui proposent une cuisine rustique très savoureuse où le poisson est préparé et cuit devant nous. C’est le moment, il faut en profiter.
Et si vous n’aimez pas le poisson ou s’il ne vous aime pas, c’est selon, il y a un très bon restaurant tibétain avec des spécialités qui nous rappellent la cuisine découverte lors de notre virée au Ladakh. Ah ! les momos frits au poulet, on en salive encore, on ne vous dit que ça !
Le bord de mer.
Le bord de mer est encombré de bateaux, de vendeurs de poisson ou de bibelots, de bazar non identifié et il y a du monde. Certes des touristes comme nous, quoique finalement assez peu lors de notre passage, mais également beaucoup d’Indiens qui se promènent entre amis, en famille ou en amoureux. L’ambiance est décontractée et chaleureuse.
Seulement, on ne peut pas se voiler la face, il y a énormément de détritus, de déchets qui s’amoncellent sur la plage. C’est sale et pourtant, l’ensemble dégage beaucoup de charme et déborde d’animation. Les pêcheurs s’entraident et tirent leurs bateaux sur le sable, ravaudent leurs filets ou discutent entre eux. Tout çà, ce sont des tranches de vie typiquement indiennes qui se déroulent à côté de nous. Il faut savoir regarder au-delà des apparences pour apprécier ces moments qui gravitent autour de la pêche et de ces filets qui aimantent tous les étrangers. C’est un spectacle simple, plaisant et nous apprécions le contact sympathique des pêcheurs très accueillants.
Peinture murale.
Et puis, regardez bien, vous aurez peut-être la chance d’apercevoir des dauphins évoluer près des berges. Et s’ils ne sont pas au rendez-vous, quelques peintures murales valent le coup d’œil le long de la promenade et vous mettront du baume au cœur. Celles-ci, vous ne pouvez pas les rater. Le soir, le bord de mer reprend son calme. Les touristes et les autochtones ont déserté les lieux, les étals sont fermés et les filets sont tous remontés. Le décor carte postale empreint de poésie est posé, on dirait de larges corolles de fleurs au-dessus de la mer. Nous, on adore ! Il ne manque que le coucher du soleil pour parfaire ce tableau unique.
Demain, nous enfourchons nos Royal Enfield pour aller à la découverte des backwaters. C’est promis, nous revenons très vite pour tout vous dire de cette pause au fil de l’eau.