Tout un réseau souterrain de voies et de galeries creusé dans le sous-sol à différentes époques serpente sous la ville actuelle formant un véritable labyrinthe qui peut être en partie visité. Nous optons pour une découverte de Napoli Sotterranea, le Naples underground dont l’entrée se situe sur la Piazza San Gaétano, dans le centre historique.
Descente dans les entrailles de la vieille cité.
Tout le monde arrive en même temps et les groupes sont alors constitués par nationalité. Chacun est attribué à un guide maîtrisant la langue requise. Andiamo ! Nous prenons la direction des souterrains pour une immersion dans les sous-sols de Naples. Franchement, c’est un peu le bazar avec les groupes d’Anglais, d’Espagnols, d’Allemands et d’Italiens. Tous s’enchaînent à la queue leu leu pour descendre les 136 marches permettant d’accéder, entre autres, à un ancien aqueduc romain à 40 m sous terre. Il faut attendre que le groupe précédent sorte du point d’explication pour prendre sa suite. C’est un chassé-croisé permanent, un peu bruyant. Comme nous sommes les derniers, nous avons l’avantage d’avoir un peu plus de temps que les autres pour profiter de la visite, toute proportion gardée bien entendu.
Un vrai labyrinthe.
Ces salles creusées dans le tuf ont servi d’abri antiaérien pendant la Seconde Guerre mondiale. Certaines sont d’une hauteur démesurée et sont vides à l’exception de quelques objets d’un autre temps. Ils ont en partie été récupérés dans les monceaux d’ordures déposés dans les galeries ou jetés depuis les puits d’aération. Ils témoignent du passage de la population napolitaine venue s’abriter ici pour fuir les bombardements, mais pas que. Bien connues des clandestins, des déserteurs ou des personnes recherchées, ces galeries et ces salles furent un refuge idéal pour se cacher ,
C’est un parcours dans un véritable dédale de couloirs plus ou moins étroits menant à d’anciennes carrières, ainsi qu’à de nombreuses cavités. Nous les découvrons au fur et à mesure de ce périple souterrain. On peut très facilement s’y perdre. Malgré son « quota de 10 % de perte« , le guide veille sur sa troupe pour que personne ne s’égare en cours de route.
Tout un réseau souterrain pour l’eau.
A l’époque romaine, un aqueduc romain de 400 km de long fournissait la ville en eau potable. Aujourd’hui, un réseau de canaux reconstitué permet encore à l’eau de circuler et d’alimenter une énorme citerne gréco-romaine. C’est la partie la plus fascinante du parcours où l’on se sent un peu des aventuriers. Deux conditions sont impératives pour accéder à une faille qui nous y amène. Celle-ci mesure environ 50 cm de large tout au plus et on l’a suit sur 150 m environ. Il ne faut simplement ne pas être claustrophobe et ne pas avoir trop abusé de bonnes choses, si vous voyez ce que nous voulons dire. Quelle que soit la raison, cette portion est donc facultative pour certains. Dommage pour eux, car ils ratent vraiment quelque chose.
Découverte de la citerne.
Comment çà il fait noir ? Mais non. Au préalable, on nous donne une bougie à LED pour avoir un semblant de lumière. C’est parti pour l’ambiance Indiana Jones, mais sans les bestioles qui grouillent de partout, c’est déjà pas mal. Une jeune femme portant sa petite fille de 3 ans environ dans les bras lui dit « On va jouer dans le noir et tu vas voir les petites lumières danser « . C’est pas mignon tout plein ? Et la fillette aux anges s’amuse beaucoup de cette situation insolite. Quand on dit que c’est étroit, ce n’est pas peu dire. Pensez à un goulet de mineur avec une paroi de pierre à droite et à gauche que l’on frôle. Vous y êtes. C’est vraiment exigu et l’on ne traîne pas. Enfin la citerne. Les jeux de lumière la mettent en valeur et créent un espace magique. C’est vraiment le clou de cette visite.
A notre retour, le Monsieur Lumière fait cadeau de la bougie à la petite fille. Après quelques minutes seulement et pour le plus grand amusement de la gamine ravie, la lampe valse et se casse.
Essais de plantation.
Au détour d’une galerie, des plants de basilic, propriété du restaurant juste au-dessus de nos têtes s’épanouissent dans des pots et viennent agrémenter les tomates mozzarella et autre pizza Margherita servies aux clients. La consigne est claire : pas touche et pas question non plus de repartir avec un pot sous le bras. Si des essais de culture ont été faits ici, ils ont vite été abandonnés par manque de rentabilité. Plus loin, une expérience botanique est menée pour faire pousser des plantes dans ces salles souterraines. Elles utilisent l’humidité permanente de l’air ambiant et des lampes imitent le spectre naturel du jour et le cycle jour/nuit. Celles que nous voyons sont en bonne santé, mais pour ce qui est des plantes qui aiment vraiment la chaleur, c’est râpé. Cela ne marche pas puisque la température avoisine les 14°.
Et que trouve-ton également au cours de ce parcours ? On vous le donne en mille : une ancienne citerne transformée en cave à vin. Elle a été utilisée jusqu’en 1952 par les moines du cloître de San Grégorio Armeno. Nous n’irons pas jusqu’à dire que les tonneaux exposés sont d’origine, en tout cas, ils sont bien vides. Il paraît qu’un étroit couloir permettait aux nonnes de rejoindre les religieux pour trinquer à l’amitié. C’est louche ? À vous de penser ce que vous voulez, nous ne nous n’avançons pas sur ce terrain.
Le théâtre romain Néapolis.
Quittons les souterrains et revenons à l’air libre, à quelques pâtés de là, pour aller voir les ruines de l’ancien théâtre romain Neapolis. Il se situe à l’intérieur d’une vieille maison napolitaine qui ne paie pas de mine. Le guide fait son petit effet lorsqu’il pousse le lit monté sur des rails et ouvre une lourde trappe en fer permettant d’accéder au sous-sol où se trouvent les vestiges. Nous sommes comme dans une très vaste cave où les murs construits selon une technique particulière ont résisté aux tremblements de terre et témoignent de l’ingéniosité des bâtisseurs de l’époque. On ne s’attend pas à un tel décor, en très bon état de conservation. Mais pour autant, seule une partie est dégagée, le reste se trouve sous les habitations mitoyennes actuellement habitées. Aussi, il est très difficile de se faire une idée précise des dimensions réelles de ce théâtre. Pour la petite histoire, c’est ici que l’empereur Néron venait pousser la chansonnette et selon la légende, soudoyait les spectateurs pour être applaudi. Gare à ceux qui n’étaient pas assez démonstratifs.
La visite se termine par une pièce où l’actrice Sophia Loren, la belle Romaine, a tourné quelques scènes pour un film dans les années 1950. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’un souvenir et l’on y trouve maintenant des crèches en exposition, si chères aux Napolitains.
Au final.
Nous restons mitigés par cette visite, certes agréable, mais dont les apports historiques dispensés par « le guide » sont un peu légers. Cet étudiant plein de bonne volonté débitant son récit appris par cœur est vite dépassé lorsque quelqu’un du groupe lui pose des questions précises. Quand il n’a pas la réponse, il en perd le fil de son discours. Tout n’est pas négatif puisque nous avons un aperçu de ce que l’on peut trouver sous la ville actuelle. Sans doute qu’avec un amoureux de l’histoire napolitaine, nous aurions vécu la visite autrement et sous un angle beaucoup plus enrichissant tant sur le plan historique, qu’archéologique. Cependant, nous sommes au frais dans ces galerie et c’est un point très positif par grande canicule.
Crédit photo : (6) Albertini