Le cours de la Margherita.

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Le cours de la Margherita part d’un constat simple que tout voyageur connaît lorsqu’il se trouve à l’étranger. Finalement, le seul modèle de référence que l’on a, c’est celui d’où l’on vient, avec son histoire et ses codes, ses critères, ses repères (culturels notamment). Du coup, en dehors de sa zone de confort, ou plutôt en dehors sa zone de connaissances s’il l’on veut être un peu pro un peu précis, ce modèle ne vaut plus. Il est au mieux en total décalage et devient caduque, s’écroule et fait pschitt. Ouais, le coup dur, quoi.

Un principe élémentaire.

Une évidence pour certains, une grosse phase d’adaptation pour tout le monde, la clé réside dans le cours de la Margherita puisque finalement le seul truc dont on a besoin, c’est d’un point de départ pour se mettre à niveau de ceux qui vivent où l’on est. Là, maintenant. Alors comment ça marche? Très simple. Prenez quelque chose de répandu, aisément identifiable, et dont il sera facile de juger de la qualité, davantage encore, du prix. Si cette chose est générique c’est encore plus commode, si en revanche elle fait appel a nettement plus de subjectivité, tel que le goût ou l’esthétique, on l’a dit, il faut un point de départ alors lancez-vous. Et puisque l’enjeu souvent concernera la nourriture, prenez LA spécialité du coin, le pad thaï en Thaïlande par exemple, mais quand on est à Naples…

Nous n’allons pas refaire l’Histoire, berceau de la pizza*, Naples a érigé la napoletana déclinée avec la Marinara ou la Margherita en véritable institution. De fait, absolument tous les restaurants de la ville en proposent, et manger une Margherita dans la cité parthénopéenne c’est goûter à la meilleure pizza du monde, si on la mange au bon endroit, et au juste prix, faut pas déconner.

Un phare dans la nuit: Antica Pizzeria Prigiobbo.

Pourquoi ici? Je trainais, avec ma douce, dans le quartier espagnol et je ne saurais vous dire exactement comment nous avons décidé d’aller là, d’autant que l’entrée est loin d’être tape-à-l’œil. L’endroit est minuscule, à l’intérieur on est tout serré face au carrelage des murs qui me fait penser à la salle de bain d’une maison témoin des années 90. Premier repas à Naples, première pizzeria et première Margherita: 3,5€. Je m’attends surtout à rien, mais à ce prix-là je propose à mon estomac de jouer à la roulette russe. Vas-y coco, il en manque une dans le barillet. Au mieux on te donne l’équivalent d’une part et te voilà rendu pour trouver à te sustenter de nouveau, au pire… ne pense pas au pire, mais t’as qu’une seule chance.

Vous voyez, j’ai tiqué sur le prix. Chez moi cette pizza coûte à peu près 10 balles, moins la saveur et toute la délicatesse d’une vraie pâte. C’est parce que je n’ai pas encore pris conscience que le point de départ du cours de la Margherita se situe là. Et le verdict est sans appel: excellent.

Je ne le savais pas encore, mais sans que l’on s’en rende vraiment compte voilà qu’on venait d’établir ce dont je vous parle, le cours d’une excellente Margherita à 3 euros 50. Notre modèle allait nous suivre pendant la totalité de notre séjour. Il est d’ailleurs un peu resté pour l’Italie (Rome, pour être précis), même si nous l’avons modulé pour son prix.

Utilisation pratique.

La nourriture est une facette importante de tout voyage, c’est comme cela que je l’entends. Mais pas question que j’aille me taper de la cervelle de canuts en Italie, alors forcément je goûte les spécialités d’ici en allant plus que d’ordinaire pousser la porte des restaurants, ou en achetant des produits locaux. Du coup, en faisant plus de 20 bornes par jour la pizza est vite devenue notre repas quotidien, en plus d’autres douceurs napolitaines. Il n’a donc pas été difficile de faire la comparaison puisque pour jauger de la gamme tarifaire d’un lieu, on allait directement sur la Margherita. « Quoi? Elle est à 5€ ici? » « Non, non, c’est trop cher on va voir ailleurs! »

Ne croyez pas qu’on est obtus non plus, on s’adapte. Il y a parfois des plats qu’on veut goûter en particulier, et dans un endroit précis où il ne vaut mieux ne pas être trop regardant sur les prix. On s’offre aussi des instants, même si ça coûte.

Alors évidemment ce concept à des failles, des écueils. Il faut y mettre une bonne dose de feeling et d’instinct, être un peu observateur, un peu de bonne volonté aussi puisqu’il ne fait que donner la tendance et permet de prendre la température. On peut donc parfois se planter en beauté. Prenez l’Hosteria Toledo par exemple. Sur la carte du restaurant, on se disait que les pizzas n’étaient pas données. Bon, ce n’est pas une pizzeria, et puis? Or le quartier espagnol est quand même réputé pour être bon marché, et cette hosteria particulièrement bien mise en avant dans les guides, pour ne pas le nommer Un Grand Week-End de chez Hachette en tête. Hey les gars, vous y avez foutu les pieds ou bien? Des plats pas très goûteux, et des desserts à faire pâlir ma pâtissière, qui d’ailleurs a maugréé plus qu’à son tour sur le tiramisu avec lequel elle a failli s’étouffer. Elle se rattrapera quelques mois plus tard avec Pompi, à Rome. Quant à moi j’ai eu droit à un baba au rhum frelaté, dommage, j’en aurais eu bien besoin pour faire passer une note beaucoup trop salée.

Tout ça pour quoi, finalement? Simplement que désormais vous n’avez plus qu’une seule question à vous poser: « Alors, elle est à combien la Margherita? »

*Une étude fort à propos: La pizza, questionnement d’un paradoxe.

Crédits photo: neciodesalida.

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