Québec, nous voilà ! Pour ce faire, nous louons un camping-car sur place pour une quinzaine de jours au mois d’août et organisons notre voyage en réservant les emplacements dans les parcs nationaux. Ici, mis à part quelques aires naturelles, le camping sauvage est interdit. Tout est donc planifié pour les réservations, mais nous nous arrêtons au gré de nos envies ou selon les centres d’intérêt rencontrés en cours de route. Afin de pouvoir profiter pleinement d’une journée complète de découverte, nous prévoyons de rester deux nuits sur place. Ce circuit d’environ 3500km forme une boucle et nous faisons : Montréal – La Mauricie – Lac St Jean – Saguenay – Tadoussac – Québec – Montréal.
Nous récupérons notre camping-car près de l’aéroport de Montréal. Coup de chance extraordinaire, nous avons un véhicule et des équipements entièrement neufs que nous allons étrenner. Comble du luxe, il y a même un grille-pain et un micro-onde ; notre vieux camion en France n’est pas aussi bien équipé. Roule ma poule, le parc de la Mauricie nous attend pour notre premier emplacement. Ici, vous réservez en fonction de la longueur de votre véhicule. Avec moins de 7 m, nous sommes très petits comparés à d’autres mastodontes.
Notre première destination, les chutes de Waber pour une journée complète d’escapade. Ce sera un grand lac en deux parties à traverser en canoë, puis une marche de trois kilomètres pour accéder aux chutes. Il paraît que c’est superbe à voir.
Journée sportive & chutes.
On pagaie encore et encore.
C’est parti ! Après avoir calé le pique-nique et protégé l’appareil photo, nous partons à l’aventure avec notre canoë. Nous suivons ceux qui semblent avoir une bonne connaissance du chemin avec visiblement une grande pratique de leur embarcation en filant sur l’eau. Finalement, nous ne sommes pas si mauvais, puisque nous arrivons à les suivre, sans même prendre un bain forcé. Mais c’est sans doute un coup de chance. Toutefois, nous ne connaissons pas la longueur de ce grand lac. En tout cas pour le premier tronçon, c’est vraiment long. Il n’en finit pas. Enfin arrivés, il faut maintenant patauger dans la gadoue pour passer le chenal et rejoindre la seconde partie. Il y en a un qui tire le canoë pendant que le second se laisse porter, devinez qui bosse ?
Les margoulins attaquent.
Nous ne sommes pas encore au bout de nos peines et il ne s’agit pas de se reposer sur ses lauriers. A force de coups de pagaie, la berge de cette deuxième étendue d’eau est enfin là. Il est temps d’aller rejoindre les chutes. En cours de route, nous subissons les attaques en règle des moustiques. C’est infernal. Rien n’arrête ces petits vampires avides de sang frais, et nous sommes littéralement dévorés. Il est plus prudent d’éviter les shorts et les manches courtes, même s’il fait chaud. Le conseil est arrivé un peu tard pour nous ; ce sera donc pommade pour apaiser les piqûres qui nous démangent de partout.
Les chutes.
Nous empruntons un sentier bucolique et agréable au milieu d’une nature sauvage. Nos efforts sont enfin récompensés ; les chutes de Waber sont superbes. Beaucoup profitent de cette pause détente pour se rafraîchir. Après un arrêt casse-croûte et un bain revigorant dans un trou d’eau, il faut reprendre le chemin dans l’autre sens. Avec cette matinée déjà été bien remplie, c’est un peu plus difficile. On ne va pas se bousculer non plus, rien ne presse. Aussi, nous prenons notre temps et profitons tranquillement des paysages qui nous entourent. Cette escapade en plein air nous prend pas moins de cinq heures, hors pause, pour canoter et marcher. Qu’importe, nous sommes ravis de cette journée et prêts à recommencer. Mais, pas tout de suite !
Après la Mauricie, nous poursuivons notre route vers le lac Saint-Jean. Plusieurs excursions nous attendent là-bas. Ne soyez pas impatients, nous allons vous raconter.
Le village fantôme de Val-Jalbert
C’est un authentique village de 1901 où le temps s’est arrêté en 1927. C’est un musée à ciel ouvert où l’on voit encore les anciennes maisons d’époque. Après avoir serpenté au milieu de ce site historique, le vieux trolley bus de style années 20 nous amène en haut du hameau. Dans le moulin à pulpe, de sympathiques personnages en hologramme nous racontent la vie et le déclin de ce village. C’est très bien fait et nous vivons avec eux cette fantastique histoire du passé.
Avec le téléphérique, nous accédons au sommet de la montagne. Une plate-forme en verre nous attend au-dessus de la chute Ouistchouan de 72m. En langue inuit, cela veut dire Rivière aux eaux claires. Nous jetons un coup d’œil sur le talus et apercevons un énorme serpent en train de se dorer la pilule. Autant vous dire que nous ne quittons pas la piste, et nous regardons constamment où nous mettons les pieds. Nous n’aimons pas beaucoup ces bestioles. Comme nous avons encore un peu de courage, nous montons jusqu’au belvédère pour profiter de la vue sur la chute maligne. Elle ne fait que 49 m. En redescendant, le sentier du canyon nous invite à un parcours au bord de la rivière. Il permet de flâner tout en se rapprochant de la sortie. On entend juste le bruit de l’eau et quelques chants d’oiseaux. Nous sommes seuls, tout le monde préfère le trolley à la marche. A chacun son plaisir.
Nous tenons absolument à voir les ours polaires. Cela tombe bien puisque le zoo de Saint-Félicien est l’un des zoos le plus diversifié d’Amérique du Nord, et c’est justement sur notre route. Quel hasard !
Un petit tour au zoo.
Ce zoo sauvage est un vaste complexe animalier qui mérite un arrêt obligatoire. Il y a plus de 1000 animaux et près de 80 espèces indigènes et exotiques sur ce site. Des animaux, nous en voyons donc beaucoup en empruntant les différentes passerelles et chemins qui sillonnent le parcours. Les ours sont à la hauteur de nos attentes. Ces gros nounours semblent presque patauds sur la terre ferme, mais dans l’eau, c’est une autre histoire. Ce sont de formidables plongeurs et des nageurs hors pair. Nous restons un bon moment à les regarder évoluer dans leur immense piscine de verre. Le petit train nous amène ensuite dans le parc des sentiers de la nature, sur un parcours de sept kilomètres où vivent les grands mammifères nord-américains en complète liberté. Nous sommes en pleine nature sauvage. Il tombe des cordes et c’est vraiment pas de chance pour cette seconde partie de la journée. A nous les bisons, les caribous, les grizzlis et autres grosses bêtes sous une pluie battante. Cela ne semble pas les déranger du tout. Apercevoir ces animaux en milieu naturel, cela mérite bien une petite douche bénie des dieux.
Nous bifurquons en cours de route pour aller à Saint-Félix d’Otis. C’est tellement perdu au fin fond de la campagne, que nous nous demandons même si nous sommes dans la bonne direction et si le GPS n’est pas devenu complètement foldingue.
Découverte du site de la Nouvelle France.
Nous assistons à une reconstitution de la vie quotidienne des colons du Québec au 17e siècle avec des comédiens hauts en couleur pour commenter la visite. Nous remontons le temps avec les costumes et les maisons de l’époque. Le décor naturel en bordure du fjord de Saguenay est grandiose et les bâtiments reconstitués apportent une touche historique aux lieux. Nous avons la chance d’être avec d’autres visiteurs qui se prennent également au jeu des acteurs. Un vrai échange improvisé s’établit et nous pleurons de rire, tant les réparties entre les uns et les autres ne manquent ni de piquant, ni de drôlerie. C’est bon moment de plaisir partagé que tout le monde apprécie en toute simplicité.
Le parc national de Saguenay est notre prochaine étape pour une randonnée pédestre dans ses décors sauvages. Après quelques efforts sur le sentier de la statue, nous accédons à des vues superbes sur le lac et la Vierge blanche, Notre-Dame du Saguenay, de son nom actuel. Nous entendons tellement parler des baleines qu’il nous tarde maintenant d’aller les voir près de Tadoussac. Pour nous y rendre, nous prenons tout naturellement la route des baleines. On ne peut pas faire plus simple, il suffit de se laisser guider par les pancartes avec l’énorme cétacé bleu. Mais avant les baleines, nous allons découvrir une petite chapelle, très, très ancienne.
La chapelle des indiens.
C’est la plus vieille église en bois d’Amérique du Nord. Elle est toute petite, entourée par un vieux cimetière et son toit rouge se repère facilement. L’histoire des missionnaires défile sur la voûte intérieure du plafond. C’est remarquable. Il ne faut pas hésiter à pousser la porte de cette église. Le prix de l’entrée est très modique et sert à financer sa conservation. Vraiment, il ne faut pas la rater.
Les fameuses baleines.
Les réservations faites, et avant de prendre le bateau, l’équipement grand froid s’impose : bonnet, chaussettes, gros anorak, gants ; tout vous est prêté et il n’y aura rien de trop. Il fait frisquet, frisquet. Les baleines ont semble-t-il des lieux de passage bien à elles, et les pilotes de bateaux savent où il faut aller. Seulement si nous distinguons les baleines, ou plutôt leurs dos, nous ne les apercevons que de loin. Nous nous sommes plantés. Seuls les zodiacs peuvent venir au plus près de ces mastodontes. Les bateaux, comme le nôtre, restent à l’écart. Du coup, c’est un sentiment de déception et de frustration qui nous anime à notre retour sur la terre ferme. Nous avons droit à une petite consolation sur le retour. Nous apercevons cinq bélugas (petites baleines blanches) qui surfent sur l’eau avec grâce. Elles nous offrent un ballet de leur composition. C’est superbe et cela nous met du baume au cœur.
Et comme nous sommes dans le coin, nous poussons un peu pour aller voir la chute du Sault au Mouton, près de Longue-Rive.
Le sault au mouton.
La rivière du Sault au Mouton est une rivière à saumons. Nous profitons d’une courte promenade très agréable au bord du Saint-Laurent en descendant jusqu’en bas de la chute qui se jette dans le fleuve. C’est assez rigolo de sauter sur la passerelle suspendue avant de remonter le sentier qui longe les vestiges d’un ancien moulin. Ouvrez bien les yeux, vous aurez peut-être la chance de voir des baleines dans le secteur, il paraît qu’il y en a.
Nous poursuivons notre route en direction de Québec. Sainte-Anne-de-Beaupré nous attend pour nous offrir deux sites caractéristiques ; l’un avec des dimensions impressionnantes et une grande richesse artistique, et l’autre complètement inédit, avec un panorama géant.
La basilique Sainte-Anne-de-beaupré.
Ce sanctuaire est le plus ancien lieu de pèlerinage de l’Amérique du Nord et c’est immense. La construction de la basilique a été inspirée des splendides cathédrales de style roman. L’intérieur est d’une incroyable richesse. Nous restons en admiration devant un tel équilibre architectural. Les fresques en mosaïque dorée brillent de mille feux. Il règne dans ce lieu, une atmosphère de mystère et de sobre splendeur. La chapelle de l’Immaculée Conception est dédiée à Marie. Elle trône au milieu de magnifiques orgues et l’ensemble est d’une grande harmonie. Les couleurs pastel utilisées ici sont très douces au regard. Les arches, les voûtes et les peintures sont incomparables. . Tout est exécuté avec finesse et sobriété. Cet édifice nous enchante avec son architecture équilibrée.
Juste à côté de la basilique se trouve le Cyclorama de Jérusalem. La dimension imposante du bâtiment de forme arrondie est tout à fait identifiable. Puis, notre route se poursuit vers la ville de Québec où nous avons réservé un emplacement dans le parc national de la Jacques Quartier. Étant trop éloignés de la ville avec des déplacements compliqués, nous privilégions un stationnement pour camping-cars proche du centre ville.
La ville de Québec.
Bingo! Nous en trouvons un à proximité du vieux port. Ce n’est pas donné, mais au diable l’avarice. L’emplacement est idéal pour visiter la vieille ville. A côté de nous, le marché couvert propose des légumes, des fleurs, des confitures, des bières et même des bonbecs (bonbons). Nous y faisons nos courses et en profitons pour goûter des produits locaux pleins de saveurs.
Nous avons de la chance. Ce sont les Fêtes de la Nouvelle France. De nombreux personnages habillés en habits d’époque déambulent dans les rues de la vieille ville et assurent le spectacle. Les commères (cela ne s’invente pas) nous régalent par leurs réparties colorées et justes sur des tranches de vie dans lesquelles chacun peut se reconnaître. Le tout est émaillé de chansons populaires que la foule bon enfant reprend en chœur. Énormément de monde se presse dans les rues qui se révèlent très vite encombrées. Tous les visiteurs veulent assister aux différents spectacles et savourer ces temps de plaisir. Nous vivons des moments chaleureux dans la joie et la bonne humeur partagées par tous.
Il est immanquable et se remarque de loin tellement il en impose avec son style de château forteresse.
Le château de Fontenac.
Le château est construit sur une falaise qui surplombe le Saint-Laurent. Il faut aller jusqu’à son esplanade pour bénéficier de cette très belle vue sur le fleuve. Cet hôtel de luxe accueille les célébrités du monde entier, mais pas seulement. Le château se visite et il est paraît-il très intéressant.
Notre timing est serré, mais nous prenons quand même le temps de faire le tour des remparts. Pressé par le temps, le bus touristique s’avère un allié pour découvrir les principales curiosités de la ville. Au programme, les plaines d’Abraham, l’Assemblée nationale, l’Hôtel de Ville, la place royale, et bon nombre de rues passantes ou commerçantes. Nous nous sentons bien dans les murs de cette très jolie ville. Il faudrait néanmoins y passer plusieurs jours pour en profiter pleinement ; elle recèle encore bien des trésors. Nous avons passé beaucoup de temps pour profiter des fêtes de la Nouvelle France et nous nous sommes bien amusés. Du coup, nous sommes passés vite, trop vite pour le reste.
La fin du séjour approche et se profile à l’horizon. Mais nous décidons de rentrer sur Montréal en prenant une route bien connue au Québec.
Le chemin des écoliers.
En fait, non. Nous prenons le Chemin du Roy pour revenir sur Montréal et nous l’avons rebaptisé. En effet, il faut suivre la fameuse petite pancarte bleue couronnée. Seulement voilà, nous la suivons et d’un seul coup, elle disparaît comme enchantement. Le GPS patauge et nous aussi, il n’y a plus de pancarte bleue. Et une dizaine de kilomètres plus loin, la revoilà. Comme dit la chanson, « elle est passée par ici, elle repassera par-là ». L’itinéraire emprunté traverse la campagne, au milieu des champs et de petits villages pittoresques. Il faut être attentif pour suivre ce chemin et surtout ne pas être pressé. En route, nous sommes séduits par le village de Deschambault et son marché du samedi matin. En prime un bon café frais, fait sur place par un aimable jeune homme. Pour le coup, ce n’est pas du jus de chaussette et nous le savourons avec délice. Ici, les anciennes maisons sont très élégantes et ont beaucoup de cachet. C’est une petite halte très sympathique.
Pas de déception.
La formule choisie a parfaitement répondu à nos attentes. Là-bas, le camping-car est idéal pour s’évader le temps d’un weekend ou plus. Il est très prisé par les Canadiens et tous les parcs nationaux sont très bien aménagés pour les accueillir. Ne manquez pas les consignes relatives aux animaux sauvages. Il n’est pas exclu de se retrouver nez à nez avec un ours (ou un orignal) lors de randonnée pédestre. Nous sillonnons les routes sans aucune difficulté, au milieu de forêts à perte de vue. Un GPS s’avère très utile lorsque l’on quitte les grands axes. Nous croisons de nombreuses routes touristiques ; elles portent des noms très évocateurs comme, la route des rivières, la route du fjord ou la route des baleines. Toutes signalent les trésors culturels et naturels des régions qu’elles traversent. Les paysages reposants et verdoyants, la nature préservée et les sites pittoresques nous accompagnent tout au long de ce voyage. Les Français sont très bien accueillis dans ce pays et comme il n’y a pas la barrière de la langue, nous échangeons très facilement au cours de nos différents déplacements avec ces Canadiens très avenants. Ils n’hésitent pas à nous interpeller pour discuter amicalement entre cousins.
Bien sûr, il reste beaucoup à découvrir dans cet immense pays et la côte ouest nous tente bien pour une prochaine découverte. Les étonnantes aurores boréales nous font également rêver. Un jour peut-être ?