Koh Lanta à l’épreuve du kayak.

kayak thailand

Au départ nous ne sommes pas du tout gâtés par le temps. Il y a déjà plusieurs jours que le ciel de Koh Lanta ne nous laisse aucun répit si ce n’est une ou deux heures dans la journée. Qu’il ne fasse pas très beau peut passer, mais quand il pleut de nombre d’activités décroit sensiblement. Ma baroudeuse se mue en miss météo pendant que j’essaye tant bien que mal de me soigner. Lors du trek à Chiang Dao c’est elle qui était dans mon état, et s’est aventurée dans la jungle sans broncher. Il va donc falloir se montrer fier.

« Ah, on dirait que cet après-midi il y a du mieux… tu penses pouvoir… »

Franchement non, mais qu’importe.

On a déjà repéré deux ou trois trucs sur des brochures à l’hôtel, et c’est sur une excursion la Thung Yee Pheng Mangrove Forest que nous jetons notre dévolu, avec Lanta Explorer. Une sortie kayak, rien de tel, j’aime trop ça.  On ne s’est pas renseigné outre mesure et d’ailleurs cette activité n’apparaît pas sur nos guides. On a simplement profité d’une éclaircie, d’un créneau favorable puis on s’est dit, allez, go.

1200 bahts l’expédition, plus 20 bahts de droit d’entrée au parc plus tard, on nous indique de nous diriger vers une passerelle en ciment qui serpente au milieu de la mangrove. Il n’y a personne. Plus loin, nous nous installons sur une barque piscicole où la terrasse ombragée a vu la visite de quelques singes venus fouiner dans les poubelles. Pas âme qui vive jusqu’à l’arrivée de notre groupe. Nous serons pas plus d’une douzaine à embarquer sur le long boat qui file à vive allure. Par moment, on s’arrête sur une île, puis une autre. Nous prenons le temps de faire quelques pas ou de nous baigner dans les eaux chaudes de la mer d’Andaman. Plus loin le bateau s’immobilise pour de bon et jette l’ancre sur une plage dont on extraie les kayaks dissimulés dans un bosquet. Le matos sorti, il va falloir s’y mettre.

Ma hantise est double à ce moment-là, comme mon questionnement. Vais-je pouvoir suivre? Non parce que je serre les dents, mais je suis quand même salement malade. Et vais-je retrouver mes sensations?J »ai la gouaille facile dès lors qu’il faut rappeler à tous, que moi môssieur, j’ai parcouru tous les lacs et rivières en Ontario du nord au sud et du Québec en kayak, et que si ça ne tenait qu’à moi j’aurais fait toutes celles et ceux du Canada. Sans exagérer, ou alors un tout petit peu, et si j’assure pas un minimum je peux derechef enlever mon costume de super héros. Je ne le suis peut-être pas pour grand monde, mais ça compte quand même.

Bon, après deux ou trois coups de pagaies il faut se rendre à l’évidence, les gars qui chapeautent l’expédition s’adaptent au niveau du groupe. Mon groupe est pas ouf et le rythme pas très énervé. On est toujours devant malgré mon aventurière qui mine la cadence. L’avantage d’une allure modérée est qu’on peut jouir pleinement du paysage, c’est relax, plutôt pépère, mais j’ai quand même eu l’impression parfois qu’on attendait beaucoup les autres, sans parler des fois où j’ai eu envie d’appuyer, chauffer un peu les bras. On est là pour profiter, on n’est pas là pour faire la course. Mais, entre profiter et glander sur un radeau…

L’heure est donc à la contemplation en se laissant glisser au fil de l’eau. Et tout ce qu’on voit m’enchante. Vraiment.

koh lanta kayak

Nous longeons les falaises rocheuses. Par endroits nous allons jusqu’à nous engouffrer dans des grottes dissimulant une plage à l’ambiance spectrale et à la fraîcheur salvatrice, ou d’autres simplement inondées où l’on peut s’adosser à de longs bambous. Il y pleut de fines gouttelettes d’eau glacée sur notre peau brûlée par la réverbération du soleil sur la mer. Notre guide thaï a été le seul à garder son tee-shirt pendant toute l’expédition, et je suis sûr qu’il n’a pas manqué de se dire « putain d’touristes » en nous voyant rougir sur nos embarcations.

On accoste de temps à autre sur de petites îles dénuées d’autres traces sur le sable, que celles laissées par leurs uniques habitants les singes. Ils ne s’embarrassent pas vraiment de notre présence et se laissent aisément prendre en photo. Les selfies fusent. Lorsqu’un macaque se gratte ostensiblement se qui choque la bienséance, humaine des allemandes gloussent en allemand et ça me fait froid dans le dos, pendant que mon aventurière se désintéresse de tout le groupe et va piquer une tête quand une américaine vient me parler de sa visite dans un sanctuaire d’éléphants. La phrase est aussi longue que sa syntaxe est hasardeuse, mais force est de constater que nous ne sommes pas d’accord l’américaine et moi. J’ai beau lui expliquer pourquoi je n’aime pas ça, elle n’a pas d’autres arguments que ce qu’on peut lire sur la brochure des sanctuaires d’éléphants. Passons.

Après une collation fruitée sur le longtail boat, pastèques et ananas succulents, nous prenons le chemin du retour, pas mécontents pour un sou de la balade. Lorsque nous faisons notre entrée dans la mangrove, on ralentit subitement, et une masse diffuse grouillante fait frissonner les branches et les racines des palétuviers. Ce sont les singes. Tout le monde sort à nouveau son appareil photo lorsque je me souviens de la brochure. « C’est l’heure de la pitance, on va nourrir les singes », et l’un de nos guides déballe les restes du goûter. Une armée de macaques envahit le frêle esquif où les allemandes beuglent en allemand, et crient lorsqu’un des assaillants de pose sur leurs épaules. L’américaine a oublié ses éléphants et bondit en arrière en s’écrasant le dos sur un banc, un primate sur les cuisses, une peau de pastèque entre les dents. C’est l’hystérie, les rires se mêlent aux hurlements puis un guide dégaine un coca sans pression. Pschitt. Il tend le bras, c’est l’extase du touriste, le diabète naissant d’un animal de foire.

« No, no! Don’t do that! » C’est mon aventurière, elle tente une mutinerie. Ils en redemandent. Tous. De l’homme ou du singe, j’ai oublié qui est le primate. Une nouvelle salve, pschitt, et des hourras dans l’assemblée. « You are insane! » pour la voix dissidente, celle de la raison. Mon aventurière.

plage koh lanta

koh lanta

pisciculture

singe

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2 Commentaires

  1. Aline

    29 juillet 2019 at 16 h 43 min

    Une bien belle excursion malgré le petit hic de fin, c’est vrai que c’est regrettable…

    Répondre

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