C’est au Centre d’Information Touristique* que le couperet est tombé, quand le mec qui était davantage intéressé pour nous refourguer des plans de tour-opérateur nous a dit « Ouais mais là mon gars vous cherchez la merde aussi. On est à Oulan-Bator quoi, tu veux prendre le bus, mais c’est mort. J’habite ici je peux t’en parler. Le bus, ça n’existe pas. Si t’en vois un, c’est un mirage, le désert est pas loin. Prends garde. Non, non, non, oublie cette idée. Haha, un bus quoi ! Foutu touriste ! »
Et c’est vrai. La capitale Mongole a le réseau de transports urbain le moins développé de tous les endroits où j’ai eu la chance de me rendre. Il y a très peu de bus, ils sont vite bondés, et leur destination est souvent peu lisible même pour un bourlingueur à l’arrache tel que moi. Comme nous, mon aventurière aussi a cette qualité. Nous sommes un peu des routards de la foirade, des aventuriers, et en matière de transport rien ne se passe jamais comme prévu, c’est d’ailleurs pour ça qu’on ne prévoit jamais rien.
Tenter sa chance.
La première fois qu’on a parlé de se rendre au Black Market, on a quand même posé la question. Notre hôte nous a fait « Ça devrait pas vous coûter plus de 3.000₮ » sans préciser qu’il était inenvisageable pour lui de s’y rendre autrement qu’en taxi. On s’est fait une longue balade à pieds, ça nous a servi de leçon. C’était sympa, mais en plein cagnard, la gueule dans les pots d’échappement, on avait toutes nos chances à vouloir jouer aux plus cons, alors on a gagné. D’accord, le prétexte d’un passage au Hard Rock Café a nettement pesé, mais là, trois bornes à pas vraiment visiter… on se fait le retour ? Tu parles. Va pour le taxi.
On a donc eu plusieurs expériences, le temps d’améliorer notre méthode, élaborer de meilleures stratégies. C’est un passage obligé pour parcourir de grandes distances, quand il fait froid, qu’il pleut, ou qu’on a la flemme à Oulan-Bator.
Il y a notamment eu ce gars qui nous a fait monter dans sa voiture sans avoir compris où on voulait aller. On venait d’essuyer quelques échecs et c’était tellement miraculeux, à ce moment précis, qu’on s’est dit qu’on finirait bien par se faire entendre, qu’au pire, on descendrait au prochain feu. Mais le feu suivant, il baissait sa vitre et demandait au chauffeur d’à côté s’il comprenait où on voulait aller. On s’est fait trois carrefours dans la mauvaise direction comme ça, puis il a dit « Aaaaah ok, ok ! » Et alors c’était ok, on savait qu’on arriverait à destination.
Une autre fois on s’était positionné un peu n’importe comment et notre signe pour arrêter les voitures n’était pas très assuré. On voyait les bagnoles défiler en perdant un peu notre motivation. Là-dessus un mec se pointe en faisant alors les touristes ça galère ? Vous êtes d’où ? Bougez pas, je vous aide. On discute, vraiment sympa, il nous donne quelques conseils, le premier type qu’on rencontre au hasard et qui parle super bien l’anglais. Il a mis 2 secondes à faire arrêter une bagnole, a tout expliqué au chauffeur et nous a quittés en nous souhaitant bonne route. Des anges gardiens comme lui, quand tu voyages t’en croises tout le temps.
La troisième fois, on a mis en pratique tous les enseignements tirés de nos expériences précédentes. On sortait de Naran Tuul et il s’était mis à pleuvoir. Ni une ni deux, on se positionne au début d’un carrefour, près d’un renfoncement pour que les voitures s’accotent. Prenant mon courage à deux mains j’ai fait à mon aventurière : « À ton tour ! » Et là miracle, ça marche ! Les voitures s’arrêtent ! Attends, non, ça ne marche pas, les voitures repartent, on se fait doubler ! Elle n’arrivait pas à se faire comprendre, les mecs se barraient. J’ai ouvert Maps.Me et balancé notre destination en cyrillique, à la première vitre baissée j’ai tendu mon téléphone, ça valait toujours mieux que de raconter mes conneries, le chauffeur a fait oui de la tête, c’était plié.
Après il y a la circulation à Oulan-Bator, en général, et ça c’est quand même tout un délire, faut que je vous explique en quelques mots. C’est si dense et saturé que parfois tu montes dans une caisse, et lorsque tu regardes les piétons ils vont deux fois plus vite que toi. Aux heures de pointe, il y a tellement de trafic que ça gueule fort dans les sifflets, avec des bâtons luminescents qui prolongent les grands gestes des flics de la circulation. Ils sont rarement protégés et se bouffent des particules que leurs poumons doivent être aussi noir qu’un fumeur après 50 ans de cigarettes sans abstinence. En fin de journée ça te prend à la gorge, ça pique les yeux et lorsque tu te mouches, ne regarde pas ce qui vient de sortir de ton nez. Oulan-Bator est une ville très polluée, l’une des pires.
Bilan et conseils
Chaque véhicule est un taxi potentiel. Il faut simplement tendre le bras pour signifier qu’on en cherche un.
Le prix d’une course n’est pas négocié, c’est 1.000 tugriks du kilomètre.
Souvent, on ne rend pas la monnaie. Si tu donnes 5.000 au lieu de 3.000, oublie le reste.
Si très peu de Mongols parlent anglais, ils n’hésiteront quand même pas à s’arrêter pour conduire un étranger vers sa destination (il suffit de faire preuve de patience parfois). À vous de bien savoir vous faire comprendre. Utilisez le Mongol-cyrillique si vous pointez un endroit sur une carte, la dénomination d’un lieu en alphabet latin ne sera pas lue ni comprise. De même, utilisez davantage le nom originel d’un endroit, plutôt que sa traduction ou son appellation internationale. Par exemple, on comprendra plus facilement que vous souhaitez vous rendre à Naran Tuul, plutôt qu’au Black Market. Des applications mobiles peuvent grandement vous servir pour ça, utilisez-les !
Soyez rapide et efficace lorsqu’une voiture s’arrête. Si vous mettez trop de temps à vous faire comprendre, le chauffeur s’en ira, à plus forte raison si 10 mètres plus loin d’autres personnes tendent le bras.
Placez-vous à un endroit stratégique. À certains carrefours, vous serez nombreux à chercher un taxi, et s’il se met à pleuvoir ça sera pire. Sinon, il n’y a pas de règle, vous pouvez être au milieu d’un boulevard et voir quelqu’un s’arrêter pour faire le taxi.
*À l’angle de Zaluuchuud avenue et Baga Toiruu Street. Utile pour y choper des plans de la ville et quelques bonnes infos… si vous avez le temps. On s’est fait accueillir par un gars très cool et plein de bonne volonté, mais d’une incroyable lenteur.
Crédits photo: (1) blitztutorat.
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