Canal du Nivernais à vélo.

Vélos devant un canal

Après avoir bouclé un périple à vélo de près de 700 km le long du canal du Midi, mon frère Gérard et moi, décidons de renouveler l’expérience pendant la première quinzaine de septembre. Notre objectif est de découvrir le canal du Nivernais en Bourgogne.

Le circuit.

Avec plus de 1000 km de voies navigables, la Bourgogne est une région de prédilection pour le tourisme fluvial. Mais pas seulement. Les pistes cyclables traversant de nombreux sites touristiques y sont largement développées, permettant ainsi de combiner le plaisir de la balade avec notre curiosité culturelle.

L’organisation.

Mais pour nous, plus question de transporter nos bagages sur les vélos comme nous l’avons fait au temps de notre prime jeunesse. Nous disposons en effet d’un camping-car pour effectuer les trajets d’acheminement depuis Lyon, et transiter d’une étape à l’autre, mais, il n’y a pas que des avantages. L’inconvénient majeur de cette formule réside dans le fait que nous devons à chaque fois faire les trajets en aller-retour le long du canal pour rejoindre notre véhicule. Est-ce vraiment un handicap ? Pas vraiment, puisqu’un même parcours effectué en sens inverse offre des points de vue différents que nous avons toujours appréciés.

La carte empruntée au guide Michelin nous permet de préparer ce périple et nous adaptons les étapes pour tenir compte du double kilométrage (aller/retour) imposé par notre organisation. Nous roulons tranquillement de 60 à 80 km par jour pour profiter au maximum des sites traversés en prenant le temps de la découverte.

Le canal du Nivernais.

Le long du canal du Nivernais

Il s’étire sur 175 km d’Auxerre dans l’Yonne au village de Saint Léger des Vignes près de Decize dans la Nièvre. La vélo route de 183 km emprunte le chemin de halage du canal. Dans sa partie haute d’Auxerre à Chaumot, il longe également l’Yonne. Il n’est d’ailleurs pas rare que le canal se confonde avec la rivière qui ainsi peut l’alimenter en eau, sans qu’il y ait besoin de réservoir artificiel pour en réguler le débit. Cette particularité offre des paysages étonnants où nous ne savons plus parfois, de quel cours d’eau il s’agit. Le circuit est bien balisé, sans forte pente et nous pédalons d’écluse en écluse (116 au total), à l’abri de la circulation des voitures en toute quiétude. Pour des papys cyclotouristes et un peu sportifs comme nous qui privilégions le rythme de la promenade à celui à la compétition, c’est vraiment idéal, d’autant que les dix jours de notre périple se sont déroulés sous un soleil estival.

Canal du Nivernais

Rien de meilleur que de faire une pause casse-croûte, bien installés les fesses dans l’herbe et d’admirer les paysages bucoliques qui nous entourent. Et puis, rien ne nous empêche non plus, de nous arrêter en cours de route pour déguster les mûres excellentes qui nous attendent sur les bas-côtés. Nous ne sommes pas aux pièces et nous régalons de ces arrêts improvisés. Carpe diem!

Nous suivons notre itinéraire le long du canal, tout en prenant le temps de visiter les sites particuliers des environs, ainsi que les petits villages, pleins de charme. En selle !

Quelques points d’étapes.

Auxerre.

Auxerre, capitale de la basse Bourgogne est le point de départ du canal du Nivernais. Nous ne suivons pas les traces de Cadet Roussel comme nous y invite un itinéraire fléché pour découvrir la vieille ville. Les rues sont assez étroites et certaines encore pavées. Pour arriver au centre, une petite grimpette nous attend, ce qui nous permet de nous dérouiller un peu les mollets. Nous nous promenons tranquillement à pied, le temps d’une pause déjeuner et farniente. Nous voyons ainsi, la tour de l’horloge, la place St Nicolas, la cathédrale St Étienne et l’ancienne abbaye St Germain.

C’est également pour nous, l’occasion de déguster en soirée un verre d’Irancy, commune proche d’Auxerre. Elle produit un vin rouge issu du pinot noir avec parfois du César, cépage traditionnel à Irancy et c’est une belle découverte. En parfaits épicuriens, nous avons bien l’intention de faire quelques pauses gastronomiques pendant notre escapade en Bourgogne. Ces excès raisonnables seront vite dissipés par nos efforts sur le vélo. Pas vrai ?

Clamecy.

C’est une jolie petite cité médiévale aux portes du parc naturel du Morvan, ancienne plaque tournante du flottage du bois. L’une des salles du musée d’art et d’histoire Romain Rolland reconstitue parfaitement cette époque. Nous y faisons une halte de quelques heures un jour de marché. Après le vélo, rien ne vaut la marche et nous attaquons les ruelles étroites, en pente, pour atteindre le centre de la cité. Le marché couvert est très sympa avec ses produits locaux. A nous, le jambon persillé et le pâté artisanal. avec un petit goût de reviens-y.

Vézelay.

Cette cité, située à une quinzaine de kilomètres à l’est de Clamecy est un peu excentrée par rapport au canal. Ce petit crochet est incontournable. C’est en effet l’un des plus beaux villages de France ; une ville sanctuaire dont la Basilique Sainte-Marie-Madeleine, sise au sommet de la colline, et merveille de l’art roman est classée au patrimoine mondial par l’UNESCO. La basilique se mérite et pour y accéder, il faut d’abord effectuer une montée pas piquée des hannetons. Courage !

C’est aussi une étape spirituelle et un lieu de pèlerinage pour qui souhaite suivre le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Mais notre rencontre divine à nous, a été celle du bourgogne Vézelay que nous fait découvrir une productrice locale, avec qui nous avons passé un moment de dégustation savoureux.

Corbigny.

Oeuvre d'art dans l'abbaye de Corbigny

Ce village domine la vallée de l’Anguison. Ne pas manquer l’abbaye bénédictine Saint Léonard. Au-delà de l’architecture imposante des bâtiments, nous apprécions tout particulièrement le concept original d’en faire une véritable maison des associations. Les locaux ont été adaptés pour animer la vie culturelle locale. La chapelle a été transformée en salle des fêtes et les caves aménagées en terrain de pétanque. Chacun appréciera. Pour nous, c’est une belle réussite.

L’échelle de Sardy.

Sardy les Epiry doit surtout sa renommée à la célèbre échelle de Sardy, ensemble hydraulique de 16 écluses datant du milieu du 19e siècle et qui représente une véritable prouesse technologique. Il permet aux embarcations de franchir un dénivelé de plus de 48 m sur une distance de 3 km. Pour nous, cela se traduit par quelques montées qui avec un peu d’entraînement, se font assez naturellement.

Cela n’a rien à voir toutefois avec les 9 écluses de Fonseranes près de Béziers.  Là, les bassins se jettent les uns dans les autres. Ce n’est pas le cas de Sardy.

Il y a ici, un éclusier tout à fait original. Vous ne pouvez pas le rater, car l’on entend sa musique de loin. On le trouve à l’écluse de la Planche de Belin. Cette écluse, Gérard Mazières, dit l’Indien, l’a repeinte en rose. Vous ne pouvez pas vous tromper. Ce monsieur a plus de 70 ans, mais il le cache bien. Notre Indien tient un café et il faut entrer dans sa maison pour passer sa commande. L’intérieur est très atypique. Il y a des montagnes de cd de musique, des objets hétéroclites plus farfelus les uns que les autres, et des tapis. C’est presque un désordre organisé. Au milieu, trône un grand fauteuil en cuir sur lequel il se repose. Son poste de télévision est connecté sur une chaîne jazz, alors que dehors, les décibels nous renvoient aux années 60 et aux rocks endiablés. C’est tout un poème. Nous nous délectons d’une boisson fraîche et de cette musique que nous aimons.

Les voûtes de la Collancelle.

Sur la commune de La Collancelle, les eaux du canal disparaissent sous 3 ouvrages voûtés appelés les Dames du canal. Elles demeurent invisibles du chemin de halage. Nous descendons un sentier découverte pour apercevoir ces fameuses voûtes. Bon d’accord, il n’y a pas grand-chose à voir, mais la balade est agréable. Le bateau est sans doute la meilleure formule pour profiter de ces galeries creusées dans la « montagne » de la Collancelle.

Une voie verte directement reliée au canal de Nivernais traverse le bassin houiller de Decize-La Machine sur une douzaine de km. C’est une véritable aubaine qui permet de rouler en toute quiétude sur un chemin essentiellement forestier.

La Machine à Champvert.

Cette ancienne cité minière a son musée de la mine qui organise notamment des visites guidées au puits des Glénons, situé à proximité. La reconstitution d’une galerie type nous fait découvrir l’évolution des méthodes d’extraction du charbon et nous plonge pour un instant, dans l’univers glauque et périlleux des mineurs de fond. Il ne faut pas être claustrophobe pour se faufiler dans un boyau. C’est un peu oppressant. Nous vivons cette expérience unique avec beaucoup d’humilité et de respect pour ces femmes et ces hommes dont les difficiles conditions de travail dépassent l’imagination. Rien à voir toutefois avec Blégny-Mine qui nous a littéralement séduits.

Enfin, notre dernière étape nous conduit de Bourbon Lancy à Paray le Monial en passant par Digoin. Nous empruntons cette fois la voie verte du canal du Centre.

Bourbon Lancy.

Village de Saône et Loire

Incroyable, presque tous les villages que nous visitons ont des grimpettes ! Celui-ci ne fait pas exception. Pour y arriver, un bon raidillon nous attend. Les mollets doivent être affûtés puisque la récompense est en haut. Un petit circuit de 4 km permet de découvrir les principaux atouts de la vieille ville. Quelques belles maisons du 16e siècle en bois présentent de très belles façades à colombages. Le beffroi avec son automate effronté sonne les heures en vous tirant la langue est une curiosité étonnante à ne pas rater.

Paray le Monial.

Cette visite est incontournable comme un haut lieu touristique et de pèlerinage de la Bourgogne dont la Basilique, chef d’œuvre de l’art roman fut construite sans interruption de 1092 à 1109. C’est assurément le plus bel édifice de l’architecture clunisienne. L’intérieur rénové est très contemporain et peut surprendre. Nous apprécions ce contraste qui ne manque pas de charme. Le côté moderne s’intègre parfaitement bien dans ces vieilles pierres. Là encore, aucune comparaison avec l’Abbaye royale de Fontevraud, située dans le département de Maine et Loire.

Nous parcourons environ 630 km presque exclusivement sur des chemins de halage transformés en voies vertes dans cette région de Bourgogne, particulièrement privilégiée. L’office de tourisme de chacun de nos points d’étape est notre guide universel, Ô combien précieux. Il nous est agréable de profiter de ces parcours en toute tranquillité, loin de l’agitation de la ville. C’est aussi l’occasion d’échanger amicalement avec d’autres cyclistes, ou tout simplement, avec les éclusiers qui ne sont pas avares d’histoire sur la région. Ce sont des mines d’or pour découvrir un bon restaurant ou une curiosité locale inédite.

Le vélo dans ces conditions devient alors un véritable style de vacances, plus qu’un simple moyen de transport ou de promenade.

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