L’Abbaye de Fontevraud, le pouvoir des abbesses.

Abbaye royale de Fontevraud

L’abbaye royale de Fontevraud se cache au cœur du val de Loire, près de Saumur. C’est la plus vaste cité monastique héritée du moyen-âge, classée monument historique et inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Après avoir quitté le pays de Somme, nous faisons un crochet pour redécouvrir ce site prestigieux. Depuis notre dernier passage, il s’est refait une beauté et ses murs de pierres blanches sont éblouissants. Cette visite est un parcours dans le temps où chaque période de la vie au sein de l’abbaye a laissé son empreinte.

Traversons les siècles.

La période monastique et le pouvoir des femmes (1101 – 1792)

C’est en 1101 que Robert d’Arbrissel crée un nouvel ordre religieux, l’ordre Fontevriste composé d’hommes et de femmes installés à Fontevraud. Notre Robert est en quelque sorte un précurseur du féminisme en nommant une abbesse à la direction de l’ordre et de l’abbaye. Houlà, pour l’époque, c’est une grande révolution et c’est assez remarquable.

Une prospérité grandissante.

N’ayons pas peur des mots. Ici, les abbesses sont reines et assurent la prospérité de Fontevraud. Ainsi, pendant sept siècles, 36 abbesses pour la plupart issues de lignée royale se succèdent à la tête de la communauté. Sous la protection des papes et des rois, l’abbaye se développe rapidement, prend de l’ampleur et va compter à son apogée jusqu’à 700 moniales et moines, sous la règle de St Benoît. Puissante et florissante, elle devient chef d’ordre avec 60 monastères en France et en Europe. Son rayonnement spirituel et sa richesse sont incontestables.

1791– 1796.

Après la Révolution, tout s’écroule et bascule. L’état devient propriétaire des lieux et les religieuses sont chassées de l’abbaye en 1792. On dresse alors un inventaire des biens et les terres sont confisquées. Puis, ce qui n’est pas pillé ou démoli est vendu. Et là, vous vous posez la question : pourquoi l’abbaye est-elle encore debout aujourd’hui ? Elémentaire mon cher Watson ! L’ensemble des bâtiments la composant est immense et coûte trop cher. Finalement, personne n’en veut et heureusement pour nous. Puis, le lieu est quelque peu abandonné.

Un étrange destin (1814 – 1963).

C’est à Napoléon que l’on doit la création d’une prison dans l’enceinte de l’abbaye. De nouveaux aménagements carcéraux prennent place dans les bâtiments monastiques que l’on transforme en cages à poules, dortoirs et ateliers de travail. Ce milieu carcéral très dur accueille jusqu’à 2800 prisonniers, sous la surveillance d’une cinquantaine de gardiens. Parmi les personnes emprisonnées, on compte même, pendant un certain temps, des femmes et des enfants.

Après la prison, la renaissance.

La majorité des baraquements édifiés, ateliers et dortoirs ont disparus après la fermeture du centre pénitencier en 1963. Aujourd’hui, les cellules n’existent plus et seuls quelques vestiges subsistent. Néanmoins, un espace réservé à cette période sombre nous éclaire avec de nombreux documents d’archives. Plusieurs décennies de travaux de restauration sont nécessaires pour réhabiliter ce lieu. Aujourd’hui, c’ est un monument historique aux multiples facettes où le développement durable est partout.

Que voit-on aujourd’hui ?

Nous passons, avec un réel plaisir, plusieurs heures dans ces murs. Il y a tellement de choses intéressantes à voir et à étudier que l’on ne s’y ennuie pas une minute. N’oublions pas que cette abbaye royale était un lieu de pouvoir et sa richesse intérieure en est la démonstration. Nous ne vous présentons qu’un petit échantillon de ce lieu unique envoûtant. A vous de découvrir le reste sur place.

L’église abbatiale.

Intériur abbatiale de Fontevraud

Outre, son architecture épurée, elle est d’une grande beauté. Représentant le pouvoir spirituel, elle en impose autant par ses dimensions extérieures (90 m de longueur) que par son intérieur (21m de hauteur sous les coupoles). Alors forcément, nous nous sentons petits sous ses voûtes où règne une ambiance sereine et reposante baignée de lumière naturelle.

Les quatre gisants.

Selon la tradition médiévale, ils sont orientés les pieds vers Jérusalem et représentent les défunts dans leur tenue de la cérémonie funéraire. Qui représentent-ils ? Maintenant que nous le savons, nous pouvons faire les malins. Donc, aux côtés d’Aliénor d’Aquitaine, reine de France, puis d’Angleterre, gît son mari Henri II, puis l’on trouve son fils Richard Cœur de Lion, et à côté de lui Isabelle d’Angoulême, sa bru. Mais vous le saviez déjà, pas vrai ?

La salle capitulaire.

Peintures salle capitulaire abbaye de Fontevraud

Dès le porche richement sculpté franchi, on constate que cette salle est marquante à plus d’un titre et son aspect solennel ne nous échappe pas. Son construction spécifique avec des voûtes basses en ogives somptueuses, des peintures spectaculaires et un carrelage à damier noir et blanc étonnant sont tout simplement, remarquables. Le chapitre (assemblée garante de l’autorité) se réunit ici pour prendre les décisions monastiques et le respect de la Règle (organisation de tous les détails de la vie à l’abbaye). Dans ce lieu de parole, on se confesse en public, on discute ou on distribue les tâches de chacun. Nous sommes au cœur de la gestion collective de l’abbaye.

Le cloître du grand Moutier.

Abbaye de Fontevraud cloitre

Particulièrement immense, ce long cloître, véritable plaque tournante de l’abbaye dessert les lieux de la vie monastique. Pour trouver ses hôtes spéciaux, il vous faudra lever les yeux et scruter les anfractuosités du tuffeau. Un indice pour vous : Cui ! cui ! Ce cloître abrite le moineau Soulcie, un passereau nicheur parmi les plus rares et les plus menacés d’Anjou. On a la chance d’apercevoir deux petites boules de plumes noires et blanches, juste au bord du nid. Trop mimi !

Les cuisines romanes.

Abbaye de Fontevraud toit des cusiines romanes

Ce bâtiment étrange dont la toiture est comme couverte d’écailles et hérissée de cheminées abrite les cuisines. Bon d’accord, quant on est à l’intérieur, on reste interrogatif car en fait, il n’y a rien. On est donc plus séduits par l’extérieur que l’intérieur. D’ailleurs, il y a encore tout à apprendre de cet endroit qui reste pour l’heure, bien mystérieux. Les historiens planchent encore sur la question.

Le parcours de visite est bien balisé et la technologie numérique met en valeur ce patrimoine exceptionnel avec des apports historiques sur la vie au sein de l’abbaye. Véritable centre culturel, les vieilles pierres vivent maintenant au rythme des expositions, concerts, conférences et ateliers. Une renaissance particulièrement réussie !

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