Ladakh : Transhimalayenne en Royal Enfield.

Moto indienne

Le défi.

Un tel voyage ne peut difficilement se concevoir sans l’appui de professionnels. Aussi avons-nous recours à une agence spécialisée dans ce genre d’aventure avec des intervenants, pour la plupart autochtones, ayant une connaissance parfaite du pays et du terrain. Nous relevons ce challenge avec des questions plein la tête : serons-nous capables, à nos âges, de faire de la moto sur des pistes, dans des conditions parfois difficiles, de tenir le rythme soutenu des étapes avec des motards (es) plus jeunes que nous et d’affronter l’altitude des hauts cols himalayens sur une Royal Enfield en duo.

Les participants.

Voilà donc 9 joyeux motards (5 femmes et 4 hommes) debout sur les kicks prêts à partir en goguette. Il n’y a qu’un seul duo : vos serviteurs ! Vous l’avez compris, la plupart des pilotes qui tentent l’aventure sont souvent seuls sur leur moto. Il faut sans doute pour la passagère beaucoup d’envie, une petite dose d’inconscience et une grande confiance en son pilote.

Une équipe de choc et une organisation parfaite.

Accompagnateurs moto au Ladakh

Notre dream team est d’enfer avec : Sanu (guide francophone incollable sur les us et coutumes du pays), Thinley (guide moto, champion du klaxon et pilote émérite), Raja (le Dieu de la mécanique qui répare tout en un tour de main comme par magie) et un sympathique chauffeur. Nos accompagnateurs sont chaleureux, disponibles et très professionnels. On les adore.

Nous n’avons pas de souci avec les bagages : ils suivent à chaque étape et n’encombrent pas la moto. Le circuit proposé est équilibré quant aux distances et aux difficultés. L’hébergement est généralement assuré en Guest House, en camps fixes en haute altitude ou à l’hôtel.

De Leh à Manali.

En route pour l’aventure et retour sur cette expérience de 16 jours et environ 1400 km parcourus sur des routes essentiellement de montagne, au mois de septembre. Là-bas, on roule à gauche, on joue du klaxon et les distances se calculent en temps. Nous voici donc arrivés à LEH prêts à affronter tous les dangers de ce périple (là on en rajoute un peu). Mais attention, ce n’est pas Hop, hop, hop ! non, mais plutôt Respirez, soufflez ! Nous sommes à 3500m d’altitude et nous avons quelques difficultés à respirer ; il faut donc y aller mollo, mollo le premier jour. Les efforts sont mesurés et  l’économie de mouvements est de rigueur.

Enjoy : c’est parti pour un peu d’enduro.

Le côté baroudeur prend sa pleine mesure.

Route himalayenne

Ce sont des trous, des bosses, des cailloux, de la boue, du sable, de la poussière, et même quelques gués à passer. Ici, c’est l’Himalaya, et dans la montagne ce sont plutôt des pistes. Les plaisirs et les frayeurs sont donc très variés. Les machines sont soumises à rude épreuve et les pilotes aussi. Nous sommes un peu secoués sur ces chemins ravinés très instables. Il faut bien le reconnaître, c’est du sport de piloter dans ces conditions et la passagère n’a qu’à bien se tenir.

On est pas seuls.

Et c’est sans compter tout ce que vous pouvez croiser sur la route, et notamment nos amies les bêtes à quatre pattes avec les vaches, les ânes, les chevaux, les yaks, les moutons… Elles sont un peu imprévisibles et la prudence s’impose. Chaque virage peut réserver bien des surprises et tout peut arriver, il faut donc être très vigilant.

Encore plus.

Camions au Ladakh

Et, il y a aussi les camions, les fameux Tata. Ils sont très beaux, mais légèrement envahissants. Nous nous amusons comme des gamins à jouer du klaxon pour qu’ils se poussent un peu. Faites-vous plaisir, d’ailleurs, c’est fortement conseillé dans les virages. Quant à ceux de l’armée, on ne se pose même pas de question. Les convois sont prioritaires, alors il vaut mieux les laisser passer et prendre son mal en patience. Il peut y avoir jusqu’à 20 camions à la queue leu leu. Il nous est même arrivé de faire du slalom dans la file. Eux ne bougent pas d’un poil.

Du plaisir.

Nous profitons également de belles routes goudronnées, et le pilote se lâche. Il met la gomme et pousse sa moto histoire de voir ce qu’elle a dans le ventre. Il est aux anges et se fait plaisir. A 90 km/h, nous avons l’impression d’être des bolides sur ces petites machines. Et puis ça tourne et ça monte. Il y a aussi des épingles à cheveux qui nous amusent pour leur côté fun. Ce n’est pas la montée du Stelvio, mais franchement c’est super. Il y a donc de tout et l’on s’éclate, dans tous les sens du terme. Et pour tout vous dire, même pas mal !

Séduisante Dame Bullet.

Elle est bluffante, vaillante, robuste, joueuse et rien ne lui fait peur, et à nous non plus (enfin presque). En vérité, c’est une grande Dame. Elle se sort de toutes les difficultés avec élégance et facilité. Les bikers sont ravis. Pour être tout à fait francs, il y a bien eu un peu de casse. Pas grand-chose, une fourche, des amortisseurs, une crevaison, un rétroviseur, juste des bricoles. Il faut bien le dire, quelques chutes et quelques bleus sont également au rendez-vous. Notre numérique n’a d’ailleurs pas apprécié la voltige. Rassurez-vous rien de bien méchant.  Raja a tout réparé en un tour de main ; les motos, ce sont ses bébés. Il les bichonne et les connaît parfaitement. Chaque matin, elles sont rutilantes, toutes traces de boue et de poussière disparues. On ne peut pas en dire autant de nos équipements motos crados poulos.

L’Himalaya (appelé également demeure des neiges) est la chaîne de montagne la plus haute du monde, c’est le royaume des géants. Nous ne vous apprenons rien. Sa réputation est à la hauteur de ce qu’il donne sans compter à ceux qui viennent à sa rencontre.

Tout près des étoiles.

On l’a fait !

Col dans l'Himalaya

Avec 5 600m d’altitude, nous empruntons la route carrossable la plus haute du monde pour arriver au col du Kardung La. La montée est plutôt sportive et c’est parfois chaud, chaud patate. La descente ne sera pas en reste. Arrivés au sommet, nous avons juste le temps de boire un thé revigorant et de faire quelques photos pour la postérité. Nous repartons rapidement pour éviter des problèmes de santé. La neige vient de tomber et cela donne aux paysages un petit avant-goût de l’hiver à venir, très rude dans cette partie de l’Inde.

On y pense tous.

Une préoccupation est bien présente dans tous les esprits, le mal de l’altitude ou mal aigu des montagnes. Ce sont des nausées, des maux de tête violents et une grande fatigue. Le visage et les mains peuvent enfler. Rien de bien réjouissant. Sur ce point, c’est plutôt  wait and see. Il n’y a pas de règle. Que l’on soit sportif ou pas, jeune ou vieux, homme ou femme, on ne peut dire à l’avance qui va le subir. Nous montons par paliers, afin de nous acclimater à ces hauts sommets. Pas de problème. Aucun de nous n’a été malade et c’est heureux.

Quelques défis.

Nous ne résistons pas à l’envie de vous citer quelques cols conquis haut la main, histoire d’épater un peu la galerie : Fotula 4109m, Tsokar 4530m, Tsomoriri 4595m, Sarchu 4279m, Baralacka La 4883m, Polo Kongha 4920m,  Lachungla 5060m, Nakeela 4738m, Rothang Pass 3978m. Nous avons été gâtés.

Chaque col est une étape franchie avec fierté et une grande satisfaction. Il faut s’adapter en permanence aux pistes qui réservent bien des embûches. En fin de journée, nous sommes contents de prendre un repos bien mérité.

Les paysages que nous traversons offrent des palettes de formes et de couleurs déclinées à l’infini. C’est magique.

Nous en prenons plein les mirettes.

Montagne dans l'Himalaya

Nous sommes sur le toit du monde et la nature nous offre sans compter, absolument tout ce qu’elle a de plus beau. Les couleurs sont extraordinaires et le meilleur des peintres aurait sans doute beaucoup de mal à les reproduire. Chaque vallée propose des panoramas nouveaux. Nous restons scotchés devant tant de beauté à l’état pur. Nous sommes presque seuls au monde dans ces décors de rêve. Nous écoutons le silence et ce silence nous donne des vertiges de bien-être. Aujourd’hui, nous avons encore des étoiles plein les yeux.

Nous partons également à la découverte des monastères qui jalonnent notre route. Ils se dressent fièrement à flanc de montagne ou sont perchés sur une colline. Ils font partie intégrante de tous ces paysages et sont incontournables dans cette partie de l’Inde. Nous assisterons même à une cérémonie religieuse dans l’un d’entre eux. Les superbes lacs de montagne du Ladakh ne sont pas en reste et l’on découvre des sites sensationnels. Ce sont là encore de précieux cadeaux que ce pays nous donne.

Les temps de roulage varient en fonction des étapes et les difficultés rencontrées sur les routes. Les pauses s’avèrent obligatoires pour recharger les batteries et souffler un peu. Vous pensez bien qu’elles sont fortement attendues et appréciées.

Après l’effort, le réconfort.

Pique-nique

Belle devise que nous appliquons tout au long du périple et nous adorons les pique-niques. Il n’y a rien de meilleur que de s’asseoir en pleine nature, au bord de l’eau ou en montagne et de faire une petite sieste avant de repartir. Nos accompagnateurs nous font un petit clin d’œil en nous préparant des pâtes au fromage pour nous faire plaisir. Vous n’imaginez pas à quel point, ces pâtes peuvent être bonnes, loin de chez nous. Nous savourons également les moments découvertes comme la promenade à dos de chameaux dans le désert blanc. Messieurs attention, il paraît que la descente est un peu douloureuse pour vous. Quant aux marécages que nous traversons pour aller découvrir un lac sacré perdu dans la montagne, cela reste un fabuleux souvenir. Nous évitons de justesse la chute dans la gadoue, mais nos chaussures s’en souviennent encore !

Miam, miam.

La cuisine locale est excellente, à base de riz, légumes variés et bien sûr, d’épices. Les naans (feuille de pain cuite sur la paroi brûlante d’un four) nature, au fromage ou à l’ail, c’est carrément bon. Les pauses chai (thé) dans les petites gargotes en bord de route sont idéales pour un court repos et un moment convivial avec la population. Il faut être ouverts et goûter un peu de tout. Nous n’irons pas quand même pas jusqu’à dire, que nous avons tout aimé. Il faut simplement s’adapter à de nouveaux goûts et oublier, en bon français, les fromages et la viande en général, ainsi que la charcuterie. Rien n’est insurmontable et notre tour de taille s’en est très bien porté. Pourtant, à notre retour, nous sautons sur le saucisson, accompagné d’un petit rouge réparateur sorti de derrière les fagots ; c’est tellement bon!

Découverte des camps d’altitude.

Tentes dans l'Himalaya

Nous ne pouvons faire l’impasse sur les camps fixes en altitude. Pour tout dire, nous ne savions pas ce que nous allions trouver ; ils sont tous un peu différents les uns des autres. Certains sont confortables, et d’autres plus spartiates. Gardez à l’esprit que nous sommes généralement à 4500m d’altitude et que les normes d’hygiène du pays ne sont pas tout à fait comme les nôtres. Ce n’est ni du 4 étoiles, ni des lits king size. L’essentiel est de pouvoir dormir et de ne pas avoir froid. Mais bon.

Conseils d’amis.

Un sac de couchage ou un sac à viande et une taie d’oreiller à glisser à l’intérieur du lit sont très utiles. Pour avoir bien chaud, rien ne vaut une compagne ou un compagnon, c’est selon. Pas d’inquiétude à avoir, des couvertures supplémentaires sont aussi disponibles. Et nous avons même des bouillottes (mais pas toujours). Elles sont prévues pour faciliter la digestion en les mettant sur le ventre, mais pour nous, c’était bien meilleur pour nous réchauffer les pieds. Là encore, c’est au choix.

Retour d’expérience.

Quant à la toilette et au petit coin, voici nos deux versions :

La soft.

  • Le cabinet toilette et le w.c sont sous la tente, séparés du couchage et de l’eau à disposition. C’est vraiment très acceptable. C’est juste un peu frisquet avec les toiles qui laissent passer un peu l’air. Du coup, on ne traîne pas pour sauter dans les vêtements de bon matin et courir prendre le petit déjeuner.

La hard.

  • Le cabinet de toilette est inexistant, le WC est à l’extérieur et il n’y a pas d’eau. Alors, en cas de tourista, le scénario est le suivant : il faut sortir pour rejoindre les gogues, même la nuit, avec la lampe de poche (c’est du vécu, mais nous ne nous étendrons pas sur le sujet). Il vaut donc mieux faire de repérage avant. Le matin, petit seau d’eau chaude et çà c’est plutôt cool. Mais avec le  froid et l’eau qui a une drôle de couleur (voire d’odeur), nous n’avons pas toujours envie de nous laver. C’est là que les lingettes pour bébé remplissent leur office. Haut les cœurs, il y a toujours une solution, même pour une toilette de chat.

En tout cas, c’est une belle expérience de vie que nous n’avions pas imaginée et c’était de l’authentique. Et puis, nous faisons même une belle rencontre. Les marmottes sont grasses comme des petits cochons à l’entrée de l’hiver et pas farouches du tout. Elles viennent à nos pieds quémander de la nourriture. Pour autant, pas question de les caresser, elles ont de grands chicots.

L’Himalaya se mérite et l’on donne de sa personne.

Il vous le rend au centuple et l’on sort grandi de cette aventure, non seulement sportive, mais également humaine. L’authenticité est le maître mot de ce voyage qui reste un inoubliable souvenir. Nous sommes tombés amoureux de ces contrées sauvages où l’hospitalité et l’accueil prennent tout leur sens. Ici, il n’y a pas de faux semblants et cela réchauffe le cœur. Un peu de nous est resté là-bas avec nos amis ladakhis avec lesquels nous sommes toujours en contact.

Alors, il faut juste se laisser tenter et se lancer, rien n’est impossible. Nous avons réussi notre challenge et nous en sommes très fiers. Nous pensons repartir là-bas pour un circuit qui s’appelle Entre deux mondes : du Kinnaur au Spiti.

Enfin, nous ne saurions terminer sans une pensée de Bouddha

« Ne cherchez pas le passé, ne cherchez pas le futur,

Le passé est évanoui, le futur n’est pas encore advenu.

Mais observer ici cet objet qui est maintenant »

                                                                                                                             Julley, julley * et amitiés à nos amis ladakhis.

* Le mot magique qui veut dire tout à la fois : merci, bonjour, au revoir.

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Un commentaire

  1. Houston MacDougal

    19 décembre 2017 at 16 h 08 min

    Voilà une aventure pleine de decouvertes et trés inspirante. Étape 1: passer le permis moto. Étape 2: s’assurer qu’on est au point avec l’etape 1 et peut-être prendre la direction de l’Inde! Merci pour ce moment de lecture et le partage de cette incroyable expérience. Julley 😉

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