Escale, retour à la maison, toutes les occasions sont bonnes pour écouler ses dernières devises. Quelques goodies pour rappeler au monde qu’on a pensé à lui, parce qu’on ne lui avouera jamais que lorsqu’on était là-bas, on a juste pris le temps pour soi. Mais là, c’est différent, 4 heures avant mon prochain vol, et si je leur en mettais plein la vue? Dans les couloirs des aéroports, sous de grandes nefs à néons scintillent, alléchants, les rayons comme au marché de Noël. Tout est beau, tout à l’air bon, et tout est accessible. Je n’ai qu’à tendre la main, je n’ai qu’à sortir mon portefeuille.
Duty free, détaxe, ça sent la bonne affaire à plein nez, mais détrompez-vous, ces zones internationales où le petit commerce réalise de très grands profits devient le nouvel agrégat aéroportuaire, rarement au profit du consommateur. Finalement, les aéroports sont de grandes zones commerciales où décollent parfois les avions, au milieu des parfumeries, du tabac, des caves à spiritueux et autres articles de luxe. Mais alors, où se trouve l’arnaque?
Qu’est-ce qu’un duty free?
Une petite définition s’impose.
Pour rappel, nous dit UFC Que Choisir: « une boutique duty free (ou hors taxes) n’applique pas aux produits qu’elle vend les taxes du pays dans lequel elle se trouve. Pour pouvoir ne pas prendre ces taxes, les magasins sont situés dans des zones internationales, notamment dans les aéroports, mais aussi dans les ports maritimes. Les produits ainsi vendus sans la moindre taxe sont censés quitter le pays où ils ont été achetés. La vente hors taxes ne concerne que les voyages à l’extérieur de l’Union européenne, l’UE étant une union douanière. »
Là, on se dit que c’est plutôt bon signe. Attendez un peu la suite.
Des prix qui se prennent pour des avions. Attention, ici on décolle.
Sachez déjà que les boutiques duty free sont libres de pratiquer les prix qu’elles souhaitent, on peut donc être très surpris d’un aéroport à l’autre de la disparité sur un type de produits identiques. C’est le premier constat.
Le second vient du fait que les boutiques duty free paient un loyer très élevé dans les aéroports, lequel est répercuté sur le prix de vente des produits. La conséquence est toute bête: vous payez plus cher que dans un commerce traditionnel, là où vous n’êtes pourtant pas détaxé. Une belle arnaque en somme.
À titre d’exemple, tout ce qui touche à la confiserie (celle qu’on consomme sur place parce que se gaver fait que les minutes s’égrainent plus rapidement), mais aussi l’alcool sont généralement plus cher qu’en grande surface (en moyenne). Certains magasins spécifiques, comme les pharmacies, n’y vont pas avec le dos de la cuillère. Un déo bas de gamme acheté 15 balles alors qu’il ne vaut pas 1€ en bas de chez moi, je garderai toute ma vie un souvenir impérissable de l’aéroport d’Amman en Jordanie et de ce vol long-courrier avec escale. Les goodies également, et tout ce qui touche aux souvenirs ne sont globalement pas bon marché, tout comme le textile.
Palme d’or de l’aéroport le plus fou: SHEREMETYEVO, Moscou.
Même Amman, où tout était cher, n’est rien comparé à l’aéroport moscovite. Premier café à la descente d’avion, BIM, 10 balles. Pas le temps de se familiariser avec le rouble, on s’est fait prendre à la gorge direct. Sur le retour on s’est dit « Oulà, rappelle-toi » en guise d’avertissement. Ma kamikaze n’a pas voulu l’entendre de cette oreille, et elle me tuera probablement pour avoir révélé cette anecdote dont elle m’a fait jurer le secret.
Notre vol Aéroflot Pékin – Moscou s’était déroulé très étrangement, et je crois qu’elle avait besoin de faire une folie pour conjurer cet épisode. Un truc sans queue ni tête. Il lui restait un peu de monnaie russe et elle n’avait toujours pas trouvé le sacro-saint magnet, celui qu’elle ramène toujours, plutôt bof, choisi après 2 heures d’intense débat avec elle-même. Sauf que dans une boutique de souvenirs, au milieu des goodies dépassés de la Coupe du Monde de football de 2018 se vendant à prix d’or 1 an après l’euphorie retombée, il est là. Le sacro-saint magnet.
15€.
No comment.
Tellement collector qu’il ne sortira peut-être jamais de son emballage.
En nous dirigeant vers notre porte d’embarquement, nous sommes passés devant une petite boutique où se vendaient notamment des porte-verre à thé estampillé tout ce qu’on veut de communiste ou de Fédération de Russie. 120€. 10 fois plus cher que sur internet. Ça m’a marqué parce que j’ai rapporté ce même objet vendu exclusivement dans le Transsibérien (à l’effigie de la compagnie de train), et que je n’ai pu réprimer un « Oh, les cons! » devant l’indécence du prix, symptomatique de cet aéroport dans son ensemble.
Vous n’y ferez donc aucune bonne affaire.
Duty free: arnaque absolue?
C’est globalement sans appel, mais ça mérite toutefois d’être nuancé, la réalité étant nettement moins manichéenne que ça.
Il faut cibler certains produits. De là, émerge une tendance faisant que les parfums, les cosmétiques, mais surtout les cigarettes, restent moins chers dans les duty free que dans les grandes surfaces ou magasins spécialisés (parfumeries par exemple), ou encore que chez votre buraliste. Si l’on ajoute à cela les petites attentions offertes avec vos produits (cadeaux divers et variés) on est un peu en dessous en terme de prix. On parle de 15%, c’est toujours ça de pris.
Évidemment, ça n’est pas systématiquement le cas, mais c’est bien là que vous aurez le plus de chance de réaliser quelques économies.Pour les cigarettes en revanche, il n’y a aucun débat.
Quelques conseils pour ne pas se faire avoir.
Une bonne connaissance des prix.
Si vous savez que vous allez passer par la case duty free, ciblez les produits qui vous intéressent en notant sur le bloc-note de votre smartphone son prix. Au pire, il y a de grandes chances que le wifi soit gratuit dans l’aéroport où vous vous trouvez. Une petite vérification pour se rendre compte qu’à Amman le parfum ne vaut pas coup.
Attention au taux de change.
Il est rarement bon dans les aéroports. On écoule nos dernières devises et on paye le reliquat en euros… le plus simple est encore de sortir, au hasard, sa N26 pour ne pas payer de frais supplémentaires. Elle nous suit dans nos voyages, on vous en a fait un retour d’expérience.
Attention aux douanes.
Il existe des franchises en valeur et/ou en quantité. Vous devez les connaître pour ne pas vous voir délester de vos achats réalisés en duty free notamment lors d’un contrôle douanier. 5 cartouches de clopes, 6 litres de spiritueux et 18 parfums à 50 balles l’unité… coup dur si vous vous faites choper. Heureusement pour vous ça n’arrivera pas, vous avez déjà lu: tout ce qu’on peut rapporter de voyage.
Crédits photo: (1) Memi Ketie Kokovich; (2)