On a un peu tendance à les oublier et pourtant ce sont elles qui enrichissent notre voyage et lui donnent une dimension humaine. Nous parlons bien sûr de toutes ces personnes qui croisent notre route à un moment ou à un autre et nous permettent de vivre des instants authentiques avec elles. Nous partageons avec vous quelques-unes de ces histoires vécues lors de notre périple moto au Pérou.
De belles rencontres.
Mamacita.
C’est le nom affectueux et respectueux que lui donne notre guide et qui lui va bien. Ce petit bout de femme nous accueille à bras ouverts dans sa cuisine où une soupe de légumes et de viande mijote tranquillement sur un coin du poêle en répandant ses arômes appétissants. C’est comme un retour en arrière à une autre époque ; celle que l’on a connue en culottes courtes dans notre campagne profonde ou chez nos grands-parents. Sylvie se laisse tenter et n’hésite pas, pour elle ce sera une excellente soupe qui tient au corps et qui réchauffe. Dehors, le temps est à la neige et quelques flocons commencent à tomber. Les autres vont regretter de ne pas y avoir goûté quand un peu plus tard nous attaquons le col et qu’il fait particulièrement froid. On se les gèle vraiment !
Vive malgré une jambe qui traîne un peu, Mamacita remplit l’espace par sa présence, son sourire et ses yeux malicieux. Elle nous bichonne et l’on se sent bien chez elle. Juste avant de partir, elle demande timidement à faire une photo avec Sylvie : désir exaucé avec plaisir et pour la pose, elle qui n’est déjà pas bien grande doit se baisser.
Les bikers.
Nous reprenons notre route dès potron-minet (on aime ce mot désuet, alors on se fait plaisir) ; nous partons donc de très bonne heure pour l’étape du jour. Nous allons quitter Puerto Inka et ses paysages lunaires lorsque nous remarquons une moto garée sur la grève. Deux hommes sont assis devant leur machine et contemplent l’océan, complètement absorbés dans leurs pensées. Tout est silencieux, en dehors du bruit des vagues du Pacifique qui viennent mourir sur la plage.
Sylvie ne résiste pas à cette scène hors du temps et il suffit d’un sourire, juste deux mots pour demander de prendre un cliché. C’est bref, c’est simple, mais le regard échangé en dit plus long que des paroles lorsqu’elle leur serre la main avant de partir en les remerciant chaleureusement. Chacun reprend alors le cours de sa journée ; pour nous la route et pour eux la contemplation de l’eau et de l’horizon.
Sur les marchés.
Nous aimons flâner sur les marchés et dès que possible, nous y faisons volontiers un tour. Nous sommes à Nasca où sont installés les maraîchers avec leurs étalages de légumes colorés bien rangés. Voyant notre appareil photo en bandoulière, une dame prend spontanément la pose, une main sur la hanche et le bras levé comme une danseuse espagnole. Elle se prête au jeu : on ne bouge plus et ni une ni deux, c’est dans la boite. Cette scène divertit beaucoup ses compatriotes voisins hilares qui apprécient ce moment de détente.
Nous lui montrons sa photo sur l’écran ; elle éclate de rire en se regardant et nous remercie d’un large sourire et d’un « Muchas gracias ». Tout naturellement, nous lui répondons « Con mucho gusto ». Ça vous épate ? Nous ne parlons pas espagnol, juste quelques mots par-ci, par-là, mais c’est sympa d’essayer la langue locale. On en tire quelque fierté, mais surtout de bonnes parties de rire lorsque l’accent n’y est pas du tout ou que nous mélangeons les mots : cela amuse énormément nos interlocuteurs.
Un peu plus loin, ce monsieur qui écale des œufs de caille apprécie beaucoup son cliché et nous gratifie d’un clin d’œil espiègle. Coquin va !
Un sourire éblouissant.
Ce sera ensuite à Aréquipa où nous nous laissons séduire par un étal de fruits tous plus appétissants les uns que les autres. Évidemment, nous craquons pour des jus frais préparés devant nous. On choisit le mélange souhaité et il y en a une pleine page ; ce sera donc ananas, orange et banane dans lesquels on rajoute de l’eau minérale et un léger jus de citron. Un régal ! Il faut bien préciser que vous voulez de l’eau en bouteille, sinon vous risquez d’avoir des surprises qui ne seront pas très agréables. La jeune femme ne cesse de nous donner du rab avec un sourire radieux et ça c’est aussi bon que le nectar qu’elle nous sert.
Les pêcheurs.
Après avoir affronté le vent avec les motos qui avancent en crabe sur la route balayée par de bonnes rafales et le sable qui entre sous les visières des casques et les bas de pantalons en piquant la peau, nous arrivons dans un petit port de pêche pour aller goûter les fruits de mer cuisinés à la mode locale. Les pêcheurs ravaudent leurs filets, les mouettes se reposent sur la jetée ; il fait beau et tout est calme.
Dès qu’ils aperçoivent l’appareil photo, tous les pêcheurs s’interpellent et viennent spontanément se mettre en groupe en souriant pour que Sylvie immortalise l’instant. C’est sympathique, c’est cool et on taille la bavette : « Vous venez d’où, vous allez où ». Ils veulent tout savoir et parlent tous en même temps. Tout le monde fait des efforts pour se comprendre avec quelques mots ou avec les gestes et nous nous quittons avec force saluts de la main. Nous passons un agréable moment dans ce port perdu entre désert et Pacifique.
La vendeuse de chocolats.
Nous désertons temporairement la visite des chais à Ica pour la vitrine très attrayante de cette charmante demoiselle qui nous attire comme un aimant. Pour nous, c’est beaucoup plus intéressant que les caves, surtout lorsque c’est la seconde en peu de temps. Son stand propose des produits très tentants et ce n’est pas facile de choisir entre des bouchées de chocolat avec des noix de pécan, de la vanille et des cacahuètes ou encore avec des amandes et des noisettes ; et ce n’est qu’un échantillon.
Tout nous fait envie et nous avons l’embarras du choix « Celui-là, c’est quoi ? Et celui-ci ? Quel est le meilleur ? » Trois mots en anglais, deux en espagnol, une crise de fou rire et on achète ; non pas la boutique, mais juste 5,6… douceurs. L’échange est aussi délicieux que les gourmandises qui font chanter nos papilles. Encore aujourd’hui, la vendeuse doit se dire que les Français sont tous des rigolos tant nous avons ri de bon cœur avec elle : sa patience n’avait d’égale que sa gentillesse.
Les enfants.
Tous les enfants des écoles sont en pleine répétition pour célébrer la fête du soleil ; petits et grands sont habillés en costumes locaux traditionnels et défilent en dansant autour de la place centrale de Cusco. Les participants évoluent en rythme au son de la musique. Les pitchounes sont adorables et craquants ; ils font de leur mieux pour exécuter les chorégraphies en cadence et se loupent parfois. C’est trop chou, surtout lorsqu’ils s’attrapent le poncho en formant une farandole pour ne pas se perdre. C’est un spectacle vivant, coloré, plein de charme et de tendresse. Deux petites filles s’approchent et louchent sur notre appareil en souhaitant visiblement que nous les prenions en photo. Les voilà donc souriantes et mignonnes à croquer. A se regarder, elles se trouvent très jolies. En effet, elles sont adorables.
Nous aimons ces instants partagés et constatons finalement la langue n’est pas vraiment une barrière. De la bonne humeur et de la bonne volonté font des miracles et à défaut de nous comprendre, nous récoltons à chaque fois beaucoup de sourires et d’indulgence. Ce sont de véritables cadeaux.