Qualifié de plus grand jardin japonais d’Europe, ce parc oriental est implanté en Maine et Loire. En route pour la commune de Maulévrier, à une quinzaine de kilomètres de Cholet, pour être transportés dans un petit paradis verdoyant, très particulier, où le temps et l’espace sont abolis. A l’origine aménagé par Alexandre Marcel au début du XXe siècle, il est labélisé «jardin remarquable» en 2004. Puis, c’est en 2022 que l’Association Européenne des Jardins Japonais, y est créée.
Un jardin pas comme les autres.
Que ce soit celui de Marquessac ou encore de Rocambole, ils ont en commun le pouvoir de nous amener dans un ailleurs, le temps d’une visite. Néanmoins, celui-ci est encore d’une autre veine, sans doute parce qu’il est conçu en utilisant des techniques spécifiques à l’art japonais. Il faut se déplacer et apprécier, selon la perspective, la vue qui s’offre à notre regard. On va de découverte en découverte avec ravissement et par petite touche. Chaque élément est réfléchi, posé harmonieusement en toute simplicité, et la magie opère.
Un univers sans cesse renouvelé.
Au fil des saisons, le jardin se transforme pour symboliser les étapes de la vie de l’Homme :
- Le Printemps : la jeunesse
- L’Eté : la vie adulte
- L’Automne : la retraite, le grand âge
- L’Hiver : la mort et l’éternité.
Même, le cours de l’eau de la rivière la Moine représente la course du soleil du Levant au couchant, en coulant d’Est en Ouest,
Un autre monde
Passé le portique d’entrée, nous sommes tout de suite plongés dans un cadre de verdure, entourés d’arbres magnifiques. Ce parc étonne par la variété de sa végétation (arbres et fleurs) et par son agencement soigné. Les formes sont épurées avec un sens esthétique recherché, les fleurs de différentes espèces apportent des touches colorées à chaque détour de chemin. Les reflets dans l’eau sont exceptionnels. Tout ici est une invitation à la contemplation, au repos et au plaisir des yeux. Et cela fait un bien fou.
Suivre la plan ou pas.
Le dépliant que l’on trouve à l’entrée répertorie les principaux centres d’intérêt à découvrir dans le parc, dont les «incontournables». Ce qui est bien, c’est que l’on prend le sens de la visite comme on veut en empruntant, de temps en temps des chemins de traverse, pour éviter le trop plein de visiteurs. Faire quelques marches arrière permet également de voir les paysages sous un nouvel éclairage. Et parfois, cela change tout.
Quelques incontournables.
On entre dans le vif du sujet en découvrant un jardin loin de ce que nous connaissons habituellement. Là, nous sommes parachutés tout en douceur et sérénité au milieu de sculptures, d’arbres avec des tailles structurées, des fleurs et de l’eau. Tout au long du parcours, on trouve des panneaux explicatifs nous donnant des informations utiles sur ce qui nous entoure.
* Le pont Khmer et la pagode.
Ce pont offre une perspective sublime jusqu’au fin fond du parc où l’on aperçoit le viaduc. Les plus courageux passeront tout près, puisque ne faisant pas partie du domaine, il en marque, à quelques mètres près, la limite. Quant à la pagode, c’est l’occasion d’en apprendre plus sur la restauration du jardin depuis son rachat par la commune, en 1980.
* Le temple
D’influence asiatique, cet édifice provient d’éléments d’un pavillon de l’Exposition Universelle à Paris, en 1900. Moulé et remonté sur place à Maulévrier, en 1910, il a toute sa place dans ce décor naturel. Quant aux craquelures de l’ensemble, elles sont volontaires et donnent l’aspect «fausse ruine». A l’intérieur, un Bouddha assis dans la position du lotus, des offrandes et des drapeaux de prière. On pourrait se croire devant les vestiges d’un des temples d’Angkor au Cambodge ; c’est vraiment bluffant.
* Le pont rouge.
En entrant dans le parc, nous passons sous un portique rouge, le Torii. Il signale l’entrée du «Paradis ou d’un lieu sacré». Au Japon, la couleur rouge orangé, comme celle du pont est considérée comme une couleur protectrice. Depuis des temps ancestraux, le rouge est utilisé comme un moyen d’effrayer les mauvais esprits. Pour prendre une photo, c’est un peu sportif, tant il est prisé. Et ce ne sont pas toujours les jeunes qui bloquent pour des selfies sous tous les angles. Même le club du troisième âge s’y met et c’est trop rigolo de les voir aux manœuvres avec leur téléphone portable. Point de moquerie dans notre propos, juste un brin de malice, parce que nous y arrivons à grands pas. Hé oui, le temps passe vite, beaucoup trop vite à notre goût..
* Le pont lune.
Le reflet de ce pont cintré dans l’eau évoque la lune de la plus belle des manières. Même si les rampes sont garnies de glycine, nous sommes un peu trop tôt dans la saison et nous ne verrons pas leurs jolies grappes s’étaler avec grâce.
* Les fleurs.
En ce début de printemps, les fleurs ne sont pas encore totalement épanouies et certains massifs montrent des bourgeons prêts à éclore. Cela laisse présager de belles perspectives pour les visiteurs des prochains mois. Pour autant, nous ne sommes pas déçus, puisque nous trouvons notre bonheur avec des camélias, les premières azalées et les dernières fleurs de cerisiers. Chères aux Japonais pour la fête d’Hanami et son traditionnel pique-nique, nous les avons ratées en pleine floraison,
Les promenades de nuit.
Si on sait qu’elles existent, nous n’y sommes pas encore allés puisqu’en avril, il n’y en a pas. On s’imagine bien déambuler dans la nuit avec un lampion pour écouter des légendes japonaises à différents endroits du parc. Les effets lumineux doivent encore ajouter de la poésie au charme des contes. Bien sûr, on a hâte de voir ça et on vous tient au courant. Promis !
Nous passons un peu plus de trois heures pour faire tout le tour du parc, avec un passage à la boutique et au pavillon des plantes. Là, nous ne présentons qu’une partie de notre visite. Il y a encore : la colline des méditations, la corne d’or, le chemin des ifs, de superbes massifs de fleurs, les carpes, les lions de pierre, … C’est dire la richesse de ce jardin oriental où les maître-mot seraient sans doute ; zénitude et poésie. Sincèrement, on adore.